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Imen Ben Jemia dĂ©tient un diplĂ´me d’architecte de l’École nationale d’architecture et d’urbanisme de Tunis ainsi qu’une maĂ®trise et un doctorat en amĂ©nagement de l’UniversitĂ© de MontrĂ©al. Sa thèse intitulĂ©eĚýĚýtraite de la construction identitaire des villes de QuĂ©bec et de Toronto Ă travers l’analyse de projets d’intervention sur le patrimoine.
Plusieurs articles issus de sa recherche doctorale et de ses travaux de recherche sur les villes et les pratiques architecturales au Moyen-Orient ont Ă©tĂ© publiĂ© et prĂ©sentĂ© dans des confĂ©rences internationales. En tant que chercheure en rĂ©sidence, sa nouvelle recherche intitulĂ©eĚýMontrĂ©al, vue par ses muralesĚýexplore la reprĂ©sentation de MontrĂ©al Ă travers l’analyse des murales urbaines.
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Projet de recherche
Les murales urbaines se multiplient à Montréal. De différentes échelles, couleurs et thématiques ces images transforment la ville en musée à ciel ouvert. De la murale dédiée à l’artiste montréalais Léonard Cohen qui est visible depuis le belvédère du Mont-Royal aux murales de quartiers qui colonisent les ruelles, ces images très présentes dans le paysage urbain s’apparentent aux graffitis et aux mouvements d’art de rue. Les murales sont cependant autorisées et légales. Ainsi, le festival Mural de Montréal connait un grand succès et draine des artistes de rue du monde entier qui viennent enrichir la collection montréalaise de murales. Cet évènement installé sur le boulevard Saint-Laurent depuis 2012 contribue grandement à la valorisation et la vulgarisation de cet art urbain déjà présent dans la ville depuis des décennies. En effet, Montréal est la première ville canadienne à avoir développé cette forme d’art à partir des années 1960 et ses murs sont particulièrement animés. La Ville de Montréal dans une volonté de démocratisation de l’art et de pallier aux graffitis anarchiques a fournit un support notable dans le développement de cet art urbain. Ainsi, une centaine de murales visant à embellir Montréal tout en se gardant un objectif social ou communautaire ont été mises en place à travers les programmes et les encouragements de la Ville depuis 2007. La murale comme objet d’étude est une manifestation d’art intégré à l’architecture et la ville. Il s’agit d’une œuvre artistique offerte gratuitement aux citoyens agrémentant leur qualité de vie tout en étant un moyen d’expression donnant une tribune aux artistes émergents et confirmés. Cette forme d’art urbain contribue à l’identité des villes tout en s’activant à la représenter au grès des perceptions et des visions des artistes.
L’identité de Montréal a été au centre des travaux de l’artiste et architecte Melvin Charney. Il est à l’origine de Montrealness, un concept qui reconnait à Montréal une singularité, une personnalité, une identité. La Montrealness de Charney, définit Montréal comme un produit culturel issu de différentes couches historiques et dont l’aspect social est prépondérant. Ce travail constitue un précédant intéressant pour la présente recherche. En effet, mettant l’emphase sur l’architecture dite « populaire », plus récemment nommée « patrimoine ordinaire », Charney a été un pionner dans la valorisation des quartiers des ouvriers en les considérant à l’origine de la genèse de la Montrealness, l’essence de Montréal. 40 ans après, la ville a beaucoup changé, sa perception aussi. Les murales de la dernière décennie manifestent un intérêt marqué par la représentation de la ville. Paysages urbains, monuments, personnages ou éléments naturels, la présence de différentes composantes de la ville informe sur la perception des artistes et leur point de vue sur l’identité de Montréal. L’analyse de cette représentation contemporaine de Montréal permet de dégager les images ainsi que les messages et les thématiques contenues dans ces œuvres d’art public et de les confronter aussi aux éléments de la Montrealness soulevés par Charney.