Le génie informatique fait le pont entre le génie électrique et le génie logiciel. C’est de cette base qu’est partie la Pre Christine Tardif, Ph. D. avant de se spécialiser dans l’imagerie cérébrale. La Pre Tardif décrit ses journées multidisciplinaires, les possibilités de l’imagerie médicale, et ses collaborations au sein du Neuro.
Comment avez-vous choisi votre domaine ?
J’ai fait mon baccalauréat en génie informatique à l’Université ƽÌØÎå²»ÖÐ où je me suis spécialisée dans les techniques de traitement, d’analyse et d’interprétation des signaux. Au départ, je ne savais pas si je voulais faire carrière dans le secteur industriel ou en recherche. J’ai rencontré des médecins qui m’ont parlé d’ingénieurs qui travaillaient dans des hôpitaux sur des éléments d’imagerie et c’est à ce moment-là que j’ai décidé de bifurquer et d’orienter ma carrière vers l’imagerie médicale. C’est assez amusant, car aujourd’hui, je mets à profit tout ce que j’ai appris lors de mon baccalauréat et encore plus, mais le tout appliqué au domaine médical !
Et à quoi ressemblent vos journées de travail ?
Mes journées sont assez variées, et je dirais que les moments les plus stimulants sont quand je travaille avec d’autres collègues.
Je codirige l’Équipe d’Imagerie par Résonance Magnétique (IRM) au Centre d’Imagerie Cérébrale McConnell du Neuro. Régulièrement, toute l’équipe se rencontre pour parler des études qui vont commencer, de nouvelles technologies qu’on veut mettre en œuvre pour les chercheurs qui ont des projets de recherche en imagerie, ou pour faire un exercice de diagnostic d’anomalies lorsqu’il y a des problèmes, afin de trouver comment on peut améliorer la qualité des images. C’est vraiment stimulant de travailler avec cette équipe.
Je dirige mon laboratoire de recherche aussi, et travailler côte à côte avec mes étudiants est ce qui m’a manqué le plus pendant la pandémie : de les voir dans le laboratoire, de consulter des données ensemble, d’écouter leurs idées novatrices et de discuter de leur application avec eux.
Enfin, il y a le côté multidisciplinaire. J’ai une équipe très variée dans mon : des ingénieurs, des physiciens, et des personnes qui ont une formation en physiologie et en neuroscience. C’est vraiment agréable de pouvoir travailler avec eux, et d’avoir des projets multidisciplinaires avec d’autres équipes au Neuro.
En quoi consiste votre recherche ?
Le fil directeur de mon laboratoire, c’est vraiment l’étude et l’imagerie de la myéline. La myéline est une substance qui forme une gaine isolant électriquement les axones des neurones, soit les prolongements de la cellule nerveuse. Ceci permet de maintenir la conduction et l’activité des réseaux neuronaux. On développe de nouvelles techniques d’IRM pour cartographier la myéline dans le cerveau. J’ai commencé à étudier la myéline dans le cadre de mon doctorat, dans le contexte de . Maintenant, mon laboratoire étudie la myéline dans les troubles de neurodéveloppement et aussi chez les sujets sains.
On sait maintenant que la myéline est plastique. On veut mieux comprendre comment cette plasticité fonctionne chez les sujets sains et aussi dans différentes pathologies, et son lien avec le comportement, ou lors de l’apprentissage de tâches.
Travaillez-vous en collaboration avec d’autres chercheurs et cliniciens au Neuro ?
J’ai plusieurs collaborations au Neuro. Je travaille parfois avec des équipes plus cliniques, et à d’autres moments avec des équipes axées sur la recherche fondamentale. Par exemple, j’ai un projet d’imagerie en collaboration avec le Pr Timothy Kennedy, où l’objectif est de faire de la modélisation biophysique du signal d’IRM avec validation histologique, soit l’étude de la structure des tissus biologiques. Je collabore aussi avec le Pr Bratislav Misic sur l’intégration des cartes de myéline dans les analyses de connectivité cérébrale.
Du côté des groupes de patients, je collabore avec le Centre Azrieli de recherche sur l’autisme (CARA) du Neuro. Ce projet a pour but d’étudier plusieurs familles au Québec au sein desquelles un membre s’inscrit dans le spectre de l’autisme. Je travaille avec le Centre pour examiner ces personnes à l’aide de notre nouveau système d’imagerie à ultra-haut champ de 7 Tesla. C’est intéressant, car nous mettons en place de nouveaux protocoles, et nous travaillons aussi avec des équipes cliniques pour voir comment nous pouvons améliorer la qualité de l’expérience des participants.
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