L’ÉÉP a eu l’occasion de s’entretenir avec son premier chercheur invité, le professeur Martin A. Bader, Ph. D., sommité mondiale en matière d’entrepreneuriat et de gestion des technologies, de gestion de la propriété intellectuelle, et plus précisément de droit des brevets suisse et européen. Il est également affilié à l’Université de Saint-Gall, en Suisse, en plus d’être l’un des partenaires fondateurs d’un groupe consultatif de gestion de l’innovation et de la propriété intellectuelle, BGW AG.
ÉÉP : Vous êtes vu comme l’un des 300 meilleurs stratèges de la propriété intellectuelle au monde. Pour nous aider à comprendre le travail d’un tel stratège, pourriez-vous nous faire part de l’une de vos expériences?
M. Bader : Il s’agit de voir et de gérer sa propre propriété intellectuelle en tant que partie intégrante de son entreprise – de s’en servir de façon ouverte et pour le bien commun, mais aussi à des fins de protection et d’exclusivité, tout en respectant la propriété intellectuelle d’autrui. Toutefois, dans beaucoup d’industries et de grappes d’innovation, les droits de propriété intellectuelle continuent d’être traités comme une classe d’actifs administrative et coûteuse, ou comme une chose que l’on peut simplement enlever à une entreprise en démarrage et à ses investisseurs, par exemple. Cela veut dire de traiter la propriété intellectuelle comme quelque chose de précieux, qui fait partie intégrante du plan d’investissement et de croissance. Avec un collègue, j’ai dirigé un nouvel ouvrage sur la gestion de la propriété intellectuelle pour les entreprises en démarrage, qui inclut deux contributions canadiennes, l’une d’une équipe d’auteurs de Montréal et l’autre de BDC Capital, à Toronto (voir ; à paraître début mars 2023).
ÉÉP : Qu’espĂ©rez-vous accomplir pendant votre passage Ă l’École d’éducation permanente de Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ?
M. Bader : Je suis choyĂ© d’avoir l’occasion de passer du temps Ă l’ÉÉP de Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ, de vous rencontrer en personne et d’apprendre Ă connaĂ®tre votre peuple et votre culture riche et diversifiĂ©e, dans votre pays, dans la province de QuĂ©bec, Ă MontrĂ©al, Ă Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ et Ă l’ÉÉP; et, bien sĂ»r de mieux comprendre comment fonctionnent l’éducation, l’enseignement, la recherche et les services d’ici, en comparaison avec l’Allemagne et la Suisse, oĂą je vis actuellement.
ÉÉP : Nos apprenant.e.s proviennent de divers horizons culturels. Vous avez vécu et travaillé dans différents pays; quel conseil pouvez-vous donner aux apprenant.e.s qui désirent s’installer au Québec?
M. Bader : Je crois qu’il est vraiment important et gratifiant de prendre contact avec la culture locale et d’apprendre à connaître les gens, leur pays, leur histoire, leurs aspirations et leurs rêves, et ce, autant dans la vie professionnelle que dans la vie personnelle et spirituelle. Pour moi, cela implique également l’apprentissage et l’amélioration constante de la langue – au Québec, c’est probablement deux ou même trois langues –, la participation à des activités et à des événements sociaux, culturels et sportifs, et le travail communautaire ou le bénévolat. Plus tôt on s’implique, mieux on s’intègre. Il ne faut pas se décourager, même face aux obstacles; il peut même être utile de faire un plan et de se fixer des objectifs précis pour tenir bon et raviver la flamme.
ÉÉP : Vous avez précédemment travaillé comme vice-président et chef de la propriété intellectuelle chez Infineon Technologies à Munich. Vous êtes ensuite devenu professeur. Qu’est-ce qui a inspiré ce changement?
M. Bader : D’un point de vue personnel, j’ai décidé de fonder une famille – j’ai suivi ma femme de l’époque pour me réinstaller en Suisse. Je voulais gérer ma propre entreprise plutôt que seulement des tâches opérationnelles et financières. J’ai fait mon doctorat à l’Université de Saint-Gall en Suisse et fondé une société d’experts-conseils en gestion de l’innovation et de la propriété intellectuelle avec deux partenaires. Cela s’est avéré très inspirant et enrichissant de revenir dans le monde universitaire, et j’ai tellement adoré que j’ai décidé de continuer; c’est génial – et inspirant, je l’espère – de se sentir utile dans son travail et de transmettre quelque chose aux prochaines générations.
ÉÉP : Beaucoup d’apprenant.e.s de l’ÉÉP ont décidé de changer de carrière comme vous l’avez fait en devenant professeur. Pouvez-vous nous parler des obstacles que vous avez rencontrés pendant cette transition, et donner quelques conseils à ces apprenant.e.s?
J’ai l’impression que ces personnes sont généralement très courageuses, en particulier lorsqu’il s’agit de planifier une carrière et de penser et agir de manière entrepreneuriale. C’est la confiance en soi qui permet d’accroître son sentiment d’autoefficacité pour changer la donne et atteindre ses objectifs par soi-même, avec un coup de main et une dose de chance. Croyez en vous, en vos possibilités, apprenez votre vie durant, travaillez votre éthique, soyez quelqu’un de bien, donnez au suivant et faites de ce monde un endroit meilleur.
ÉÉP : Que pensez-vous de MontrĂ©al, de l’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ et de l’ÉÉP jusqu’à maintenant?
M. Bader : Je vous remercie infiniment pour votre accueil chaleureux et amical et votre soutien! Je suis vraiment reconnaissant d’avoir l’occasion de vous rencontrer et de vous parler. S’il y a quoi que ce soit que je puisse faire pour aider ou contribuer, faites-moi signe. Je serai heureux de faire tout mon possible pour vous appuyer. L’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ et l’ÉÉP sont des endroits formidables avec de grands esprits capables d’ouverture et d’intĂ©gritĂ©. Je vois MontrĂ©al comme une mĂ©tropole vĂ©ritablement internationale et mondiale, d’une grande richesse culturelle et d’une grande tolĂ©rance, qui combine ce que nous voyons comme l’émotivitĂ© française avec la politesse anglaise, et le rĂŞve amĂ©ricain de penser et d’agir en grand. Sans oublier votre rĂ©silience de classe mondiale lors de tempĂŞtes de neige comme celle d’aujourd’hui, dont je peux tĂ©moigner ici, Ă la tour de l’ÉÉP de Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ.
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