Bienvenue à Christopher Trudeau, nouveau membre du CRIEM
Christopher Trudeau est un doctorant en études de l'information à l'Université ƽÌØÎå²»ÖÐ. Depuis quelques semaines, il est membre du CRIEM. Ses recherches portent sur le son à Montréal, la justice environnementale et la santé publique. Nous l'avons rencontré pour en savoir davantage sur ses projets.
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Vous étudiez la justice environnementale du point de vue sonore vis-à -vis de la santé humaine. Qu'est-ce qui vous a motivé à étudier ce sujet?
Je fais partie de ()Ìýdepuis 6 ans. Nous assistons lors d’interventions, au début dans le Plateau Mont-Royal (). Ce sont des projets très intéressants, qui apportent beaucoup au milieu, mais ça reste juste au Plateau, qui est un arrondissement avec déjà de nombreux endroits de bonne qualité sonore. Mais j'habitais à côté d'une gare de triage à Pointe St-Charles, un endroit très bruyant. L'endroit où je travaillais était tellement différent de l'endroit où j'habitais par rapport aux sons, que je me suis questionné. J'ai réalisé que ça soulevait tellement les inégalités que j'ai décidé de me lancer au doctorat avec cet enjeu en tête.
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C'est quoi, la justice environnementale?
C'est non seulement l'ensemble des polluants (air, eau, bruit), mais aussi les ressources environnementales auxquelles on a accès (comme les espaces verts, espaces près des cours d'eau, l'accès à de l'eau propre, etc). La justice environnementale analyse aussi les inégalités vécues par différents groupes sociaux (comme les groupes racisés, ou les groupes avec des revenus plus faibles), donc il y a tout plein de facteurs sociaux qui rentrent en jeu.
Quand on parle de justice environnementale du point de vue sonore, ça englobe deux volets. Premièrement, si on est exposé au bruit, ça vient avec une augmentation de risques à la santé, sur le plan auditif évidemment, mais il y a en a d'autres aussi, par exemple des problèmes cardiovasculaires. Et les risques augmentent avec le niveau d’exposition au bruit. Deuxièmement, il y a des endroits qui permettent de décompresser, comme des parcs par exemple. Or, sur ces deux plans, il y a des questions d'inégalité. Est-ce qu'on est surexposé aux bruits si, par exemple, on fait partie d'un groupe à faible revenu? Toujours si on fait partie de ce groupe, est-ce qu'on a accès à des espaces pour s'éloigner du bruit et se détendre? C'est ça que je veux voir, surtout dans le cas de Montréal.
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À Montréal, quel est l'enjeu principal de justice environnementale du point de vue sonore vis-à -vis la santé humaine?
Il y a clairement des inégalités d'exposition. À Montréal, ce qui a été documenté, ce sont les personnes à faible revenu et différents groupes ethniques; les conclusions sont claires, ces groupes sont surexposés au bruit. Ça pose un problème.
Rattaché à cette problématique, il y a la perception du bruit. Les gens, souvent, ont tendance à affirmer que les bruits les gênent, qu'ils perturbent leur sommeil, etc. Les gens sont donc conscients de ces problèmes et cette conscientisation se répand, mais à quel point les gens savent-ils qu'il s'agit d'un risque pour eux? À quel point souhaitent-ils s'éloigner du bruit? À quel point choisissent-ils leur lieu de résidence en fonction du bruit, surtout qu'il y a d'autres facteurs à tenir en compte, tel le coût du logement? Les gens pensent-ils qu'ils sont pris à accepter des situations de surexposition au bruit, incapables de rien faire, ou pensent-ils que c'est pas si grave? À quel point on doit faire quelque chose pour diminuer les sources de bruit? À quel point on les accepte? Toutes ces questions de perception de bruit, c'est au cœur de ce que j'étudie.
Prenons exemple du REM: oui, il est bruyant. Son bruit émerge du bruit de fond (de 10 même parfois même de 20 décibels, assez pour réveiller quelqu'un), mais le bruit de fond de Griffintown est justement très élevé! Mais ça, on n'en parle pas! Le bruit de fond dépasse les normes acceptées, c'était souvent 65 décibels durant toute la journée là où on a pris les mesures. À ce niveau-là , c'est un risque à la santé. Mais les gens semblent davantage accepter cette situation que le bruit émis par le REM, ou encore le bruits émis par les bars et les salles de spectacle, parce que les gens peuvent se plaindre du bruit du REM ou des bars, tandis que le bruit ambiant, beaucoup moins.
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Comment pensez-vous que le CRIEM-CIRM vous aidera dans votre recherche?
Le meilleur avec le CRIEM, c'est d'avoir un réseau de gens qui parlent d'une thématique, Montréal, mais depuis plusieurs angles. On peut s'entraider et échanger par rapport à Montréal, mais sur différents points. Le sonore, c'est juste un aspect de la ville, mais qui traverse plusieurs autres enjeux, comme la mobilité (plus d'autos, plus de bruits), ou encore la qualité de l'air. Pour moi, c'est intéressant de voir Montréal à travers plusieurs angles, plusieurs thématiques, et que le son fait partie de ces thématiques.
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Maintenant, quelques questions en rafale sur Montréal! En quelques mots, comment décririez-vous la métropole à des non-Montréalais·es?
C'est une ville dynamique, mais avec beaucoup de facettes. Les non-Montréalais fréquentent les quartiers touristiques (comme le Vieux-Port ou le centre-ville), mais c'est intéressant de voir d'autres quartiers, comme Verdun et son parc linéaire. On peut être en ville mais quand même avoir un espace pour voir beaucoup de nature.
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En quoi consiste une journée parfaite à Montréal selon vous?
Aller au parc des Rapides et regarder les oiseaux.
Quartier préféré?
Verdun
Symboles incontournables?
Allons-y pour des symboles sonores! Incontournable, il y a le métro! Je pense aussi aux cloches de Notre-Dame. Le troisième qui me vient en tête, ce serait le bruit des rapides.
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Ouvrages sur les paysages sonores et la justice environnementale recommandés par Christopher:
Aletta, F., Oberman, T., & Kang, J. (2018). Associations between positive health-related effects and soundscapes perceptual constructs: A systematic review. International Journal of Environmental Research and Public Health, 15(11), 2392.
Delaunay, D., Apparicio, P., Séguin, A.-M., Gelb, J., & Carrier, M. (2019). L’identification des zones calmes et un diagnostic d’équité environnementale à Montréal. The Canadian Geographer / Le Géographe canadien, 63(2), 184–197.
Trudeau, C., King, N., & Guastavino, C. (2023). Investigating sonic injustice: A review of published research. Social Science & Medicine, 326, 115919.
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