Ayala Manolson, M.Sc. (1965) a été nommée récipiendaire du tout premier Prix du leadership professionnel aux diplômés émérites de l’École des sciences de la communication humaine. Ce prix est remis aux professionnels, après l’obtention de leur diplôme, afin de souligner leur contribution exceptionnelle à l’avancement des connaissances scientifiques et de la pratique clinique dans le domaine des sciences de la communication humaine. Reconnue pour la fondation et le développement du Hanen Centre, Mme Manolson a entrepris sa formation ici même, à ƽÌØÎå²»ÖÐ; elle est d’ailleurs l’une des premières diplômées de l’École : « J’aimais à la fois l’allure vénérable du Pavillon Beatty et mes jeunes et dévoués camarades. J’y ai également vécu ma première expérience d’activiste en tant que représentante des étudiants, lorsque j’ai critiqué l’accent que mettait l’École sur la recherche au détriment de la formation clinique. Les étudiants ont réclamé un changement et des gestes ont été posés en ce sens. » Toute une réussite pour une jeune étudiante qui avait d’abord aspiré au métier d’actrice : « Comme bien des jeunes femmes, au début je me voyais sur une scène. Pour y arriver, je me suis inscrite à un programme d’art oratoire à l’Université du Wisconsin. Mais en deuxième année, j’ai réalisé que je n’avais pas le cran de cogner aux portes et de faire face au rejet. Je voulais une carrière en expression orale où les portes me seraient ouvertes. L’orthophonie était donc tout indiquée. »
Heureusement pour le Canada ¬– et le reste du monde – Mme Manolson s’est sentie chez elle dans le domaine de l’orthophonie, qui s’est révélé beaucoup plus accueillant. Toutefois, ce changement de cap ne s’est pas fait sans heurt, se rappelle-t-elle : « Au début de ma carrière, lorsque l’on me demandait d’appliquer une méthode thérapeutique en laquelle je n’avais pas confiance, j’étais contrariée et remplie de doutes. » Mais la contrariété qu’engendre un problème peut aussi faire naître des idées et des solutions nouvelles. Celles qui sont venues à Mme Manolson lui ont fait vivre des expériences qu’elle décrit comme parmi les plus enrichissantes : « Faciliter la participation des parents aux démarches d’apprentissage du langage de leurs enfants, offrir de la formation à de petits groupes de parents pour enrichir leurs expériences d’éducation et d’apprentissage, utiliser des extraits vidéo d’interaction parent-enfant comme un puissant outil d’enseignement à l’intention des parents, confirmer l’importance de l’implication des parents en s’appuyant sur l’usage de cette méthode en orthophonie, et créer avec Barbara Ward le programme You Make The Difference – une adaptation du Hanen Parent Program visant les mères habitant des zones à risque élevé. »
Ce sont précisément ces actions qui distinguent Mme Manolson au sein de la collectivité des orthophonistes. Tout a commencé en 1975, avec la création du Hanen Resource Centre. Mais qu’est-ce qui a poussé Mme Manolson à fonder un tel centre? « Les parents merveilleux et chaleureux qui faisaient partie de mon premier programme parental m’ont convaincue qu’ils étaient LA RESSOURCE NATURELLE INUTILISÉE. Je me suis alors passionnée pour la recherche des meilleures ressources et méthodes pédagogiques qui permettraient aux parents d’aider efficacement leurs enfants à communiquer. Le Hanen Centre m’offrait l’occasion de vivre cette passion. Tout cela s’est concrétisé grâce au financement provenant de la succession de Samuel Benjamin et Lena Anne Hanen. » D’abord créé à Montréal (puis relocalisé en Ontario), le programme Hanen connaît aujourd’hui un énorme succès : plus de 20 000 orthophonistes et thérapeutes du monde entier ont reçu la formation! Le programme a une renommée internationale et fait l‘objet de partenariats dans plus de cinquante pays. Les percées dans le domaine du développement du langage ont également mené à de grandes transformations au sein du programme Hanen, au point où l’on se demande si le programme Hanen correspond aujourd’hui à la vision qu’en avait Mme Manolson. « Oui, en mieux. Le programme d’origine a été révisé et élargi afin de refléter les résultats de la recherche. De nouveaux programmes et de nouvelles ressources ont été élaborés pour former les éducateurs de la petite enfance (en collaboration avec Elaine Weitzman) et soutenir les parents d’enfants manifestant des comportements autistiques (en collaboration avec Fern Sussman). »
Cependant, le programme Hanen n’est pas la seule chose qui a changé avec le temps. Le rôle de l’orthophoniste évolue sans cesse. Nous étions donc curieux de savoir comment ce rôle a évolué au cours de la carrière Mme Manolson et de connaître son opinion sur la direction que la profession prendra pour les années à venir : « De nos jours, les gens sont plus conscients de l’importance des services d’orthophonie. Par conséquent, il y a plus de financement et de possibilités d’emploi que dans ma jeunesse. Les progrès de la technologie et de la recherche ont permis d’étendre les connaissances et la pratique dans le domaine de l’orthophonie. Dans l’avenir, les orthophonistes devront se spécialiser dans leur champ d’intérêt et recevoir une formation approfondie. »
L’apport de Mme Ayala Manolson dans la sphère de l’orthophonie est une source de fierté pour l’École des sciences de la communication humaine, qui a participé à ses débuts académiques. Alors, aux jeunes cliniciens qui se lancent dans une carrière que l’on souhaite longue et enrichissante, quel conseil pourrait donner une femme qui a révolutionné la façon dont on perçoit la contribution des parents à l’apprentissage du langage? « Explorez les diverses possibilités qu’offre l’orthophonie, et lorsque vous trouverez la population et la problématique qui vous allument... plongez-y avec passion. »
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