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Formation infirmière : agentes de changement et citoyennes du monde

Les infirmières, qui fournissent 90 % des services de santé dans le monde, dans une multitude de milieux et dans tout le continuum de soins, jouent un rôle crucial pour définir et relever les défis de santé à l’échelle mondiale.

À l’occasion de la Journée mondiale de la santé, le 7 avril dernier, Jodi Tuck et ses collègues ont célébré l’impact qu’ont les infirmières et infirmiers partout dans le monde en prodiguant des soins, en menant des recherches qui font avancer la pratique factuelle, et en faisant évoluer les politiques publiques.

«ĚýLa pratique infirmière s’exerce en milieu hospitalier dans des domaines très divers, comme la pĂ©diatrie ou les soins d’urgence, mais aussi dans les Ă©coles, les organismes gouvernementaux et les pĂ©nitenciers, par exempleĚý», explique Mme Tuck, chargĂ©e d’enseignement Ă  l’École des sciences infirmières Ingram (ÉSII), coprĂ©sidente du Regroupement infirmier en santĂ© mondiale et autochtone (RISMA) Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ responsable des initiatives internationales en santĂ© mondiale. «ĚýLes infirmières s’occupent de promotion de la santĂ© et d’éducation des patients et du public en matière de prĂ©vention des maladies et des blessures. Elles accompagnent aussi les familles dans leur quĂŞte d’une meilleure santĂ© en les aidant Ă  comprendre toute la gamme des expĂ©riences Ă©motionnelles, physiques, mentales et culturelles qu’elles vivent dans les Ă©tats de santĂ© et de maladie.Ěý»

La Journée mondiale de la santé est organisée annuellement par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour attirer l’attention du monde sur les crises et défis majeurs en matière de santé et de prestation des soins que vivent des communautés partout sur la planète.

Selon l’OMS, la moitiĂ© des 7,4Ěýmilliards de personnes dans le monde n’ont pas accès Ă  des services de santĂ© essentiels (vaccins, soins prĂ©- et postnataux, etc.), et 100Ěýmillions d’entre eux ont sombrĂ© dans la pauvretĂ© en raison des coĂ»ts des soins de santĂ©.

Les infirmières, qui fournissent 90Ěý% des services de santĂ© dans le monde, dans une multitude de milieux et dans tout le continuum de soins, jouent un rĂ´le crucial pour dĂ©finir et relever les dĂ©fis de santĂ© Ă  l’échelle mondiale. C’est pourquoi l’ÉSII est fière d’appartenir Ă  la communautĂ© mcgilloise de la santĂ© mondiale, qui rĂ©unit divers dĂ©partements, Ă©coles et facultĂ©s de l’UniversitĂ© dans le but de rĂ©soudre des problèmes de santĂ© mondiale, en Ă©troite collaboration avec les Programmes de santĂ© mondiale de Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ, dirigĂ©s par le Dr Madhukar Pai.

L’ÉSII a officiellement lancé le RISMA en 2015 pour créer un front unifié rassemblant toutes les activités et initiatives en santé mondiale au sein de l’École. Le RISMA met l’accent sur les principes de la santé mondiale, qui vise à améliorer la santé à l’échelle locale et mondiale, réduire les disparités en santé et reconnaître leur existence pour les populations marginalisées et vulnérables, dont les peuples autochtones, les personnes en situation d’itinérance et de pauvreté, les communautés immigrantes et réfugiées, et d’autres populations aux prises avec des iniquités en santé.

«ĚýLe RISMA a Ă©tĂ© crĂ©Ă© sous ce nom en 2015, mais les activitĂ©s et les initiatives qui le composent remontent Ă  2002Ěý», prĂ©cise JodiĚýTuck. «ĚýEn fait, les initiatives en santĂ© mondiale de l’ÉSII ont commencĂ© mĂŞme avant que le terme “santĂ© mondiale” soit officiellement reconnu. Le RISMA a d’abord Ă©tĂ© connu sous le nom de ComitĂ© consultatif international, durant le directorat de la Pre Susan French, puis est devenu le ComitĂ© de la santĂ© mondiale en 2008, sous la gouverne de la Pre HĂ©lène Ezer, avant de devenir le RISMA en 2015, sous la direction de la Pre Anita Gagnon.Ěý»

En tandem avec le RISMA, l’ÉSII a lancé en 2007 une concentration en santé mondiale, un parcours enrichi destiné aux étudiantes et étudiants à la maîtrise en sciences infirmières qui sont tournés vers le monde. Les cours de la concentration visent à préparer aux défis liés à la pratique infirmière avec des populations diverses dans des milieux où les ressources sont limitées. La philosophie du programme met l’accent sur la compréhension des dynamiques de pouvoir, des problèmes d’équité et des dilemmes éthiques inhérents à la pratique infirmière en santé mondiale.

Au fil des ans, les étudiantes et étudiants de la concentration en santé mondiale de l’ÉSII ont fait des stages dans des sites partenaires désignés situés à Montréal, dans le Nord du Québec, en Tanzanie, en Ouganda, au Kenya, au Malawi, en Thaïlande, en Inde, au Népal, en Haïti et en Colombie.

«ĚýSurtout, nous souhaitons leur inculquer les principes fondamentaux de la pratique infirmière en santĂ© mondiale, qui veut que tous les humains devraient avoir accès Ă  la santĂ©, Ă  la sĂ©curitĂ© et Ă  tous les droits dont beaucoup de Canadiens jouissent si librementĚý», avance Jodi Tuck. «ĚýJe regrette que dans l’esprit des gens, les termes de santĂ© mondiale et de santĂ© internationale soient interchangeables, parce qu’à mes yeux, le monde nous englobe tous. L’inĂ©galitĂ© reste l’inĂ©galitĂ©, peu importe oĂą nous nous trouvons.Ěý»

Dans ce contexte, Jodi Tuck travaille étroitement avec Françoise Filion, professeure adjointe à l’ÉSII et coprésidente du RISMA responsable des initiatives locales en santé mondiale, qui dirige les efforts de l’École avec les communautés locales, notamment sur le plan des iniquités en santé auxquelles font face de nombreuses communautés autochtones du Canada. L’objectif, comme toujours, est d’offrir une formation infirmière qui souligne l’importance d’une approche holistique des soins communautaires et qui incorpore le vécu des groupes et des communautés, les déterminants sociaux de la santé, l’humilité culturelle et la sécurisation culturelle.

«ĚýIl faut l’apport de toute une communautĂ© pour concrĂ©tiser la formation en santĂ© mondiale Ă  l’ÉSIIĚý», rappelle MmeĚýTuck, en parlant des nombreux membres du corps professoral de l’École qui s’investissent en enseignement et en recherche dans le domaine, du Pr Franco Carnevale dans les communautĂ©s algonquines de Rapid Lake et de Winneway, au QuĂ©bec, aux Pres Madeleine Buck et Lia Sanzone en Tanzanie, et beaucoup d’autres.

«ĚýUn volet important de notre rĂ´le de pĂ©dagogues consiste Ă  sensibiliser les infirmières et infirmiers en formation aux liens entre la santĂ© et les expĂ©riences et facteurs sociaux, culturels, religieux, politiques, sexuels et liĂ©s au genre. Il leur faut comprendre et intĂ©grer la rĂ©alitĂ© de leurs patients pour leur fournir des soins optimauxĚý», explique Mme Tuck.

Jodi Tuck et ses collègues de l’ÉSII continuent de plaider pour que les infirmières et infirmiers obtiennent la reconnaissance, le soutien et les moyens de poursuivre leur important travail de défense des intérêts des patients, mais aussi de leur profession, pour faire entendre leur voix et valoriser l’expertise infirmière dans tous les systèmes de santé.

«ĚýLes infirmières doivent se prononcer davantage sur les problèmes et les solutions qu’elles observent en matière d’accès aux soins de qualitĂ©Ěý», conclut Jodi Tuck. «ĚýNous devons accroĂ®tre la prĂ©sence infirmière Ă  la direction d’organisations provinciales, nationales et internationales.Ěý»

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