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Maladie de Chagas: un risque pour la santé des Canadiens?

Des experts canadiens soulignent l’importance de la prévention et du dépistage de la maladie de Chagas chez les personnes d’origine latino-américaine
±ĘłÜ˛ú±ôľ±Ă©: 14 December 2017

Croyez-le ou non, un parasite qui se nourrit de sang et qui sĂ©vit dans les rĂ©gions tropicales d’AmĂ©rique latine pourrait reprĂ©senter un danger pour les Canadiens. Si certaines maladies infectieuses, comme la malaria ou le Zika, ont rĂ©cemment fait les gros titres, la publication d’une nouvelle Ă©tude de cas dans le Canadian Medical Association Journal (CMAJ) a braquĂ© les projecteurs sur la maladie de Chagas, transmise par un insecte (connu en anglais sous le nom de « Kissing Bug »). Une Ă©quipe d’experts en mĂ©decine tropicale et en mĂ©decine de laboratoire de Winnipeg et MontrĂ©al met en garde les personnes originaires de certains pays d’AmĂ©rique centrale et d’AmĂ©rique latine, ainsi que leurs enfants, contre le risque de contracter la maladie de Chagas, mĂŞme une fois installĂ©es au Canada. L’étude porte sur un cas de transmission mère-enfants pendant la grossesse, et soulève plusieurs questions sur la prĂ©vention et le diagnostic de la maladie Ă  l’échelle du pays, oĂą les individus potentiellement infectĂ©s, mais non diagnostiquĂ©s se comptent par milliers. Ěý

La maladie de Chagas est causĂ©e parĚýun parasite appelĂ©ĚýTrypanosoma cruzi, que l’on trouve essentiellement en AmĂ©rique latine, mais aussi, occasionnellement, dans le sud des États-Unis. Elle est transmise par la morsure ou le «ĚýbaiserĚý» d’un trianome appelĂ© en anglaisĚýKissing Bug, une variĂ©tĂ© de punaises qui se nourrit de sang humain et pique le visage de ses victimes. Le parasite pĂ©nètre dans l’organisme par les dĂ©jections laissĂ©es par l’insecte au point de piqĂ»re. La maladie peut Ă©galement ĂŞtre transmise de la mère au fĹ“tus pendant la grossesse, par une transfusion de sang contaminĂ© ou une transplantation d’organe d’un donneur infectĂ©.

«ĚýParce qu’elle se transmet de la mère infectĂ©e Ă  son bĂ©bĂ© sur au moins trois gĂ©nĂ©rations, la maladie de Chagas constitue un rĂ©el problème de santĂ© publiqueĚý», affirme Momar Ndao, chercheur au sein du Programme en maladies infectieuses et immunitĂ© en santĂ© mondiale de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ (IR-CUSM) et professeur adjoint au dĂ©partement de mĂ©decine Ă  l’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ, et co-auteur de l’étude. Il ajouteĚý: «ĚýComme il ne s’agit pas d’une maladie transmissible Ă  dĂ©claration obligatoire au Canada, on trouve peu de donnĂ©es sur le nombre de cas non diagnostiquĂ©s et non traitĂ©sĚý».

Le DrĚýPierre Plourde, mĂ©decin hygiĂ©niste et directeur mĂ©dical de la clinique santĂ©-voyage et des services de mĂ©decine tropicale de l’Office rĂ©gional de la santĂ© de Winnipeg (ORSW), est l’auteur principal de l’étude. Il a travaillĂ© en collaboration avec deux spĂ©cialistes en parasitologie, le DrĚýKamran Kadkhoda, microbiologiste clinicien au Laboratoire provincial Cadham Ă  Winnipeg, et le professeurĚýNdao, directeur du Centre national de rĂ©fĂ©rence en parasitologie (CNRP) Ă  l’IR-CUSM.

Leurs travaux portent sur une concentration de cas au sein d’une mĂŞme famille de Winnipeg et confirment la notion de connexion gĂ©nĂ©rationnelle entre la mère et ses enfants. Peu de temps après le diagnostic de la mère, trois de ses quatre enfants adultes, deux filles et un garçon nĂ©s au Canada, mais ayant de la famille en AmĂ©rique latine ont Ă  leur tour reçu le mĂŞme diagnostic. Plus important encore, le frère a dĂ©clarĂ© avoir donnĂ© son sang pendant de nombreuses annĂ©es jusqu’enĚý2010, annĂ©e oĂą la SociĂ©tĂ© canadienne du sang a dĂ©couvert chez lui la prĂ©sence d’anticorps au parasiteĚýT. cruzi.

«ĚýLe risque global de transmission de la maladie de Chagas de la mère au fĹ“tus est seulement de 6Ěý%, mais lorsque la femme enceinte est parasitĂ©mique (c’est-Ă -dire qu’elle prĂ©sente un taux Ă©levĂ© de parasites dans le sang), le risque de transmission peut augmenter jusqu’àĚý30Ěýpour centĚý», explique le DrĚýPlourde.

D’après les auteurs de l’étude, les pays où le risque de contracter la maladie est le plus élevé sont, entre autres, l’Argentine, la Bolivie, le Salvador, le Guatemala, le Honduras, le Panama et le Paraguay.

«ĚýQuiconque ayant vĂ©cu ou voyagĂ© dans ces pays pour une durĂ©e prolongĂ©e et s’étant fait piquĂ© par la punaise, ayant reçu une transfusion sanguine dans les pays endĂ©miques, ou dont la mère a reçu un diagnostic de maladie de Chagas doivent demander Ă  passer un test de dĂ©pistage Ă  leur mĂ©decinĚý», recommande PrĚýNdao, chercheur spĂ©cialisĂ© dans les maladies infectieuses depuis plus de 20Ěýans. Le CNRP est rĂ©putĂ© pour son expertise en matière de diagnostic de la maladie de Chagas Ă  travers le Canada.

«ĚýEnviron une personne sur quatre ayant Ă©tĂ© infectĂ©e une fois dans sa vie dĂ©veloppe la maladie. Le danger ne se manifeste pas immĂ©diatement après l’infection, mais peut survenir des annĂ©es plus tard, si la maladie n’est pas traitĂ©e et qu’elle touche les tissus des muscles cardiaques, entrainant un risque d’insuffisance cardiaqueĚý», ajoute le DrĚýPlourde.

Un dépistage et un traitement précoces peuvent éviter aux personnes atteintes des conséquences graves à long terme, telles qu’une altération de la fonction cardiaque, et améliorer le pronostic pour les personnes à risque. Plus le patient est jeune lorsque l’on administre le traitement, plus ce dernier sera efficace. Il n’existe pas, à l’heure actuelle, de vaccin homologué contre la maladie de Chagas.

Première étape du dépistage, les tests de recherche d’anticorps contre le Chagas peuvent être demandés par tout clinicien au Canada. S’ils s’avèrent positifs, le patient devra être évalué et suivi par un médecin spécialiste en maladies infectieuses ou en médecine tropicale.

Pour plus d’information sur la maladie de Chagas ou pour lire l’étude de casĚý:

  • Organisation mondiale de la SantĂ© :Ěý
  • Gouvernement du CanadaĚý

About the Winnipeg Regional Health Authority

The Winnipeg Regional Health Authority (WRHA) () is the largest health region in the province of Manitoba (with a population of roughly 705,240 in 2014, about 60% of the total provincial population) and is responsible for the delivery of acute care, public health and other community health services to the residents of the Winnipeg Health Region.Ěý WRHA Travel Health and Tropical Medicine Services () delivers pre-travel health services to over 5000 clients and manages over 250 post-travel patients with tropical diseases annually.

About the Cadham Provincial Laboratory (CPL)

Cadham Provincial Laboratory (CPL) as the public health laboratory of the province of Manitoba serves a population of more than 1.3 million with a wide range of virological, serological, molecular, and bacteriological tests as well as specialized and reference diagnostic testing for tertiary care hospitals and community health clinics for both clinical and public health purposes. With a few exceptions, the overwhelming majority of parasitological testing in Manitoba is handled by CPL.

À propos de l’IR-CUSM

L’Institut de recherche du Centre universitaire de santĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ (IR-CUSM) est un centre de recherche de rĂ©putation mondiale dans le domaine des sciences biomĂ©dicales et de la santĂ©. Établi Ă  MontrĂ©al, au Canada, l’Institut, qui est affiliĂ© Ă  la facultĂ© de mĂ©decine de l’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ, est l’organe deĚý recherche du Centre universitaire de santĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ (CUSM) – dont le mandat consiste Ă  se concentrer sur les soins complexes au sein de sa communautĂ©. L’IR-CUSM compte plus de 420 chercheurs et près de 1 200 Ă©tudiants et stagiaires qui se consacrent Ă  divers secteurs de la recherche fondamentale, de la recherche clinique et de la recherche en santĂ© Ă©valuative aux sitesĚý Glen et Ă  l’HĂ´pital gĂ©nĂ©ral de MontrĂ©al du CUSM. Ses installations de recherche offrent un environnement multidisciplinaire dynamique qui favorise la collaboration entre chercheurs et tire profit des dĂ©couvertes destinĂ©es Ă  amĂ©liorer la santĂ© des patients tout au long de leur vie. L’IR-CUSM est soutenu en partie par le Fonds de recherche du QuĂ©bec – SantĂ© (FRQS).Ěý

Contacts mĂ©dias :Ěý

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Julie RobertĚý
Centre universitaire de santĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐĚý
514-843-1560
(c) 514-971-4747
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