Lumière sur les répercussions de l’adversité précoce sur la fonction cérébrale
Les traumatismes subis pendant l’enfance ont-ils une incidence sur les réactions cérébrales d’une personne adulte face à des aléas psychologiques? Ce lien avait déjà été constaté chez des animaux de laboratoire, mais son existence chez les humains n’avait jamais été établie clairement.
Une Ă©quipe de scientifiques, menĂ©e par des chercheurs et des chercheuses de l’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ, a mis en Ă©vidence un lien entre l’adversitĂ© prĂ©coce et une altĂ©ration de la capacitĂ© Ă faire face aux situations stressantes et aux chocs Ă©motionnels. Cette capacitĂ© diminuĂ©e pourrait entraĂ®ner une augmentation du risque d’occurrence d’un trouble psychiatrique plus tard dans la vie.
« En regroupant les rĂ©sultats de 83 Ă©tudes dĂ©jĂ rĂ©alisĂ©es et faisant appel Ă l’imagerie cĂ©rĂ©brale, nous avons pu dĂ©gager des signes, sans doute les plus probants jusqu’à prĂ©sent, indiquant que les adultes ayant subi des traumatismes pendant l’enfance ont des rĂ©ponses cĂ©rĂ©brales diffĂ©rentes face Ă des difficultĂ©s psychologiques », explique Marco Leyton, professeur titulaire au DĂ©partement de psychiatrie de l’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ.
« Nous avons notamment constatĂ© des rĂ©actions exagĂ©rĂ©es dans une rĂ©gion du cerveau qui traite les stimuli Ă©motionnels intenses (l’amygdale) et des rĂ©actions amoindries dans le cortex frontal, siège de la gestion des Ă©motions et des comportements associĂ©s », ajoute le Pr Leyton, directeur du (tempĂ©rament, adversitĂ©, biologie) Ă l’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ.
Importance de la prévention des traumatismes chez l’enfant
« Nos conclusions pourraient expliquer pourquoi des adultes ayant subi des traumatismes pendant l’enfance ont des rĂ©actions Ă©motionnelles intenses en situation de stress. Une fois dĂ©clenchĂ©es, ces rĂ©actions sont extrĂŞmement difficiles Ă freiner. Une personne pourrait prĂ©senter une rĂ©activitĂ© accrue au stress et des problèmes de santĂ© mentale », prĂ©cise Niki Hosseini-Kamkar, auteure principale de l’article, qui a participĂ© Ă l’étude en tant que boursière postdoctorale au DĂ©partement de psychiatrie de l’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ.
Les résultats font ressortir la nécessité de protéger les enfants contre les situations traumatisantes et, si traumatisme il y a, d’intervenir rapidement pour tenter de prévenir les effets à long terme. L’importance de ces résultats prend tout son sens quand on pense aux enfants dont la vie est bouleversée par les conflits qui sévissent actuellement au Moyen-Orient, en Afrique et en Europe.
« Nous avons encore beaucoup de questions. Quelle est la meilleure façon d’aider les enfants exposĂ©s Ă des situations traumatisantes? Quand faut-il intervenir? Quels facteurs pourraient protĂ©ger les enfants ou, au contraire, aggraver les problèmes? », ajoute la chercheuse, qui a participĂ© Ă l’étude pendant son sĂ©jour Ă l’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ et qui travaille aujourd’hui Ă l’Institut Atlas pour les vĂ©tĂ©rans et leur famille et Ă l’Institut de recherche en santĂ© mentale de l’UniversitĂ© d’Ottawa.
Pour l’équipe de recherche, ces résultats constituent une avancée importante dans la compréhension des liens entre l’exposition à l’adversité, la fonction cérébrale et les problèmes de santé mentale. Ils mettent également en lumière l’importance de tenir compte du développement humain dans les études.
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L’article « », par Niki Hosseini-Kamkar, Mahdieh Varvani Farahani, Maja Nikolic, Kaycee Stewart, Samantha Goldsmith, Mahdie Soltaninejad, Reza Rajabli, Cassandra Lowe, Andrew A. Nicholson, Bruce Morton et Marco Leyton, a été publié dans JAMA Network Open.