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L’incapacité de reconnaître ses propres problèmes de mémoire : signe prédictif de la maladie d’Alzheimer

Une étude pourrait jeter un nouvel éclairage sur l’évolution clinique vers la démence
±ĘłÜ˛ú±ôľ±Ă©: 15 February 2018

Les mĂ©decins qui travaillent auprès de personnes prĂ©sentant des facteurs de risque de dĂ©mence pressentaient depuis longtemps que les patients incapables de reconnaĂ®tre leurs propres problèmes de mĂ©moire sont plus susceptibles de voir leur Ă©tat s’aggraver rapidement. Ce qu’ils soupçonnaient a maintenant Ă©tĂ© confirmĂ© par une Ă©quipe de chercheurs de l’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ.

Certaines maladies cĂ©rĂ©brales peuvent nuire Ă  la capacitĂ© d’un patient de comprendre qu’il souffre d’un problème mĂ©dical. Ce trouble neurologique appelĂ© « anosognosie » est souvent associĂ© Ă  la maladie d’Alzheimer. Selon une Ă©tude rĂ©alisĂ©e par l’équipe du Dr Pedro Rosa-Neto, du Laboratoire de neuroimagerie translationnelle de l’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ, et publiĂ©e aujourd’hui dans la revue Neurology, les personnes qui mĂ©connaissent leurs troubles mnĂ©siques prĂ©sentent un risque presque trois fois plus Ă©levĂ© de souffrir de dĂ©mence au cours des deux annĂ©es suivantes.

Joseph Therriault, Ă©tudiant Ă  la maĂ®trise au sein du Programme intĂ©grĂ© en neurosciences de l’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ et auteur principal de l’étude, s’est appuyĂ© sur des donnĂ©es de l’Initiative en neuro-imagerie de la maladie d’Alzheimer (ADNI), un programme de recherche menĂ© chez des patients ayant acceptĂ© de se soumettre Ă  des examens d’imagerie et autres Ă©valuations cliniques.

M. Theriault a analysé plus de 450 patients qui présentaient de légers troubles amnésiques, mais qui étaient encore en mesure de prendre soin d’eux, à qui on avait demandé d’évaluer leur capacité cognitive. Des proches de chacun des patients ont également répondu au questionnaire d’évaluation. Lorsqu’un patient signalait n’avoir aucun problème cognitif, mais qu’un membre de sa famille faisait état d’importantes difficultés, ce patient était considéré comme étant peu conscient de sa maladie.

Lien entre anosognosie et physiopathologie de la maladie d’Alzheimer

Les chercheurs ont ensuite comparé les patients peu conscients de leur état à ceux qui ne présentaient aucun problème et ont découvert que les sujets qui souffraient d’anosognosie présentaient des altérations des fonctions métaboliques cérébrales et davantage de dépôts d’une protéine appelée bêta-amyloïde, qui s’accumule dans le cerveau des patients atteints de la maladie d’Alzheimer.

Un suivi réalisé deux ans plus tard a permis de constater que les patients qui ne reconnaissaient pas leurs troubles mnésiques étaient plus susceptibles de souffrir de démence, et ce, même en tenant compte d’autres facteurs, comme le risque génétique, l’âge, le sexe et le niveau d’éducation. L’évolution vers la démence s’accompagnait d’altérations plus marquées des fonctions métaboliques dans les régions du cerveau touchées par la maladie d’Alzheimer.

Cette découverte montre à quel point il est important, pour les cliniciens, d’obtenir l’avis des membres de la famille des patients lors de consultations médicales.

« Cette dĂ©couverte se traduira par des applications pratiques pour les cliniciens. Ainsi, les patients qui se plaignent de troubles mnĂ©siques sans caractère de gravitĂ© devraient ĂŞtre soumis Ă  une Ă©valuation qui tient compte des renseignements fournis par des personnes qui les connaissent bien, comme des membres de leur famille ou des amis proches », affirme le Dr Serge Gauthier, coauteur en chef de l’article et professeur de neurologie, de neurochirurgie, de psychiatrie et de mĂ©decine Ă  l’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ.

« Cette Ă©tude pourrait aider les cliniciens Ă  mieux comprendre l’évolution clinique vers la dĂ©mence », souligne le Dr Rosa-Neto, coauteur en chef de l’article, clinicien-chercheur et directeur du Centre d’études sur le vieillissement de l’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ, un centre de recherche affiliĂ© au au CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-MontrĂ©al.

Forts de ces découvertes, les scientifiques entendent maintenant étudier comment la conscience qu’ont les patients de leur maladie évolue le long du continuum de la maladie d’Alzheimer, et comment cette évolution est liée à d’importants biomarqueurs de cette affection.

Crédit photo:

Image caption:
Therriault J, et al. (2018) Anosognosia predicts default mode network hypometabolism and clinical progression to dementia, Neurology, Feb 2018


Cette étude a été financée par les Instituts de recherche en santé du Canada, la Fondation Alan Tiffin, la Alzheimer’s Association, le Fonds de Recherche du Québec-Santé et le Centre de recherche en prévention de la maladie d'Alzheimer.

L’article «  », par J. Therriault et coll., a été publié dans la revue .

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