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Les hommes sont-ils plus susceptibles que les femmes d’aimer l’agressivité dans la pornographie?

Entretien avec le sociologue mcgillois Eran Shor sur une étude récente qui bouscule les idées reçues sur la perception masculine et féminine des gestes agressifs en pornographie
A man watches a lit up screen that is blurred
±ĘłÜ˛ú±ôľ±Ă©: 10 February 2022

Dans le cadre d’une étude publiée dans Archives of Sexual Behaviour, le Pr Eran Shor a interviewé au‑delà de 300 consommateurs habituels de pornographie et constaté que, parmi la minorité de spectateurs qui appréciaient les contenus agressifs dans la pornographie, les femmes étaient plus nombreuses que les hommes à déclarer qu’elles aimaient cette agressivité, y compris dans ses formes extrêmes, comme l’étranglement. En outre, les femmes étaient plus susceptibles d’aimer voir les actrices exprimer de la douleur en réponse à l’agressivité sexuelle et plusieurs de ces consommatrices recherchaient activement la pornographie agressive.

Selon le Pr Shor, titulaire d’une chaire William‑Dawson au DĂ©partement de sociologie de l’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ, ces rĂ©sultats contrastent avec la majoritĂ© des donnĂ©es provenant d’études antĂ©rieures sur la pornographie.

Les participants provenaient de 28 pays, notamment d’Europe, d’Asie du Sud et d’Asie de l’Est, mais environ la moitié étaient canadiens. Bien que l’échantillon ait comporté une surreprésentation de personnes issues de milieux socioéconomiques favorables ou faisant des études supérieures, aucun de ces facteurs n’a eu d’incidence significative sur les préférences individuelles quant à l’agressivité dans la pornographie.

Qu’avez-vous découvert grâce à vos recherches?

Mon objectif premier était de comprendre comment les consommateurs de pornographie dans différents pays percevaient l’agressivité dans la pornographie. J’ai constaté que la plupart des spectateurs ne souhaitaient pas voir de gestes agressifs extrêmes, comme le bâillonnement forcé, les coups au visage ou l’étranglement, surtout si ces derniers étaient perçus comme non consensuels. Cela dit, une minorité significative de ces consommateurs a dit apprécier l’agressivité dans la pornographie, et bon nombre d’entre eux la recherchaient activement.

Avez-vous été étonné par les résultats?

L’aspect le plus surprenant des résultats est le rôle que joue le genre dans la préférence pour l’agressivité dans la pornographie. Les femmes étaient plus susceptibles que les hommes d’affirmer qu’elles aimaient la pornographie agressive. Les théoriciens du féminisme radical ont postulé que les représentations d’agressivité dans la pornographie étaient entièrement attribuables aux désirs et aux préférences des spectateurs masculins; toutefois, les préférences des femmes quant à ces représentations d’agressivité n’ont pas été étudiées de manière systématique.

Quelles sont les conséquences sur la vie sexuelle des hommes et des femmes?

Ces résultats pourraient venir atténuer le sentiment de culpabilité exprimé par plusieurs femmes qui aiment ou même préfèrent les représentations d’agressivité dans la pornographie. Il importe cependant de souligner que la grande majorité des femmes et des hommes qui se sont dits attirés par les représentations d’agressivité établissaient une distinction nette entre ces dernières, perçues comme des fantasmes, et leur véritable vie sexuelle. La plupart de ces participants ont affirmé ne pas vouloir reproduire les gestes agressifs qu’ils voyaient en ligne dans leur propre vie. Le simple fantasme proposé par les vidéos pornographiques leur suffisait.

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L’article « », par Eran Shor, a été publié dans Archives of Sexual Behaviour. Il paraît également dans le livre d’Eran Shor, (Routledge).

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L’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ

FondĂ©e en 1821 Ă  MontrĂ©al, au QuĂ©bec, l’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ figure au premier rang des universitĂ©s canadiennes offrant des programmes de mĂ©decine et de doctorat. AnnĂ©e après annĂ©e, elle se classe parmi les meilleures universitĂ©s au Canada et dans le monde. Établissement d’enseignement supĂ©rieur renommĂ© partout dans le monde, l’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ exerce ses activitĂ©s de recherche dans trois campus, 11 facultĂ©s et 13 Ă©coles professionnelles; elle compte 300 programmes d’études et au-delĂ  de 39 000 Ă©tudiants, dont plus de 10 200 aux cycles supĂ©rieurs. Elle accueille des Ă©tudiants originaires de plus de 150 pays, ses 12 800 Ă©tudiants internationaux reprĂ©sentant 31 % de sa population Ă©tudiante. Au-delĂ  de la moitiĂ© des Ă©tudiants de l’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ ont une langue maternelle autre que l’anglais, et environ 19 % sont francophones.

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