Le macareux reste au frais grâce à son gros bec
Le macareux huppĂ© rĂ©gule sa tempĂ©rature corporelle grâce Ă son gros bec, une caractĂ©ristique rĂ©sultant de l’鱹´Ç±ôłÜłŮľ±´Ç˛Ô qui pourrait expliquer sa capacitĂ© Ă voler durant de longues pĂ©riodes Ă la recherche de nourriture.
Dans le cadre d’une nouvelle publiĂ©e dans le Journal of Experimental Biology, des chercheurs de l’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ et de l’UniversitĂ© de Californie Ă Davis ont utilisĂ© des camĂ©ras thermiques pour mesurer la dissipation de la chaleur du corps et du bec du macareux huppĂ© sauvage dans les minutes qui suivent un vol.
Ils ont constaté que la température du bec du macareux chutait de 5 °C (de 25 °C à 20 °C) 30 minutes après que l’oiseau s’était posé, tandis que la température de son dos ne changeait pratiquement pas. Le bec est responsable de 10 % à 18 % des échanges de chaleur totaux même s’il ne représente que 6 % de la surface totale du corps de l’oiseau.
Les gros becs aident les oiseaux Ă se refroidir en vol
Mais pourquoi l’鱹´Ç±ôłÜłŮľ±´Ç˛Ô du macareux a-t-elle menĂ© au dĂ©veloppement d’un si gros bec? Kyle Elliott, professeur au DĂ©partement des sciences des ressources naturelles de l’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ, pense que cet attribut pourrait avoir un lien avec l’énergie que l’oiseau dĂ©pense pour voler.
Du point de vue Ă©nergĂ©tique, voler est très exigeant pour les oiseaux. En vol, le Guillemot de BrĂĽnnich – un proche cousin du macareux – dĂ©ploie 31 fois plus d’énergie qu’au repos, la plus grande dĂ©pense d’énergie jamais mesurĂ©e chez un vertĂ©brĂ©. Cela produit une grande quantitĂ© de chaleur, indique Kyle Elliott, auteur en chef de l’éłŮłÜ»ĺ±đ, ce qui donne Ă penser que certains oiseaux ont dĂ©veloppĂ© un gros bec pour se refroidir en volant.
« Les becs d’oiseaux sont un exemple classique du façonnement de la morphologie par l’鱹´Ç±ôłÜłŮľ±´Ç˛Ô », explique M. Elliott.
Hannes Schraft, auteur principal de l’éłŮłÜ»ĺ±đ et ancien doctorant au DĂ©partement de biologie de l’UniversitĂ© de Californie, ajoute que les « guillemots de BrĂĽnnich (et probablement les macareux) produisent autant de chaleur qu’une ampoule Ă©lectrique lorsqu’ils volent ».
« Nos résultats étayent l’hypothèse selon laquelle la régulation de la température corporelle a joué un rôle dans la morphologie de certains becs d’oiseaux. Nous croyons également qu’il s’agit d’un exemple d’exaptation, soit l’amplification d’une structure externe pour remplir une nouvelle fonction, un peu comme les oreilles du lièvre du désert, qui sont devenues plus grandes pour l’aider à se refroidir », observe M. Elliot.
Un moyen d’évacuer une chaleur excessive
« Nous avons tenté de déterminer si le macareux avait recours à son large bec pour évacuer un excès de chaleur corporelle lorsqu’il vole », précise M. Schraft, maintenant boursier postdoctoral à l’Université du Québec à Montréal.
« Nous pensions que ce serait le cas, car des recherches antérieures ont démontré que c’est ce qui se produit chez le toucan et le calao, des espèces d’oiseaux aussi dotées d’un très gros bec. »
En raison des plumes, le corps d’un oiseau est très bien isolé. Ainsi, la thermorégulation ne se produit pas par la transpiration. C’est plutôt le bec qui sert de radiateur lorsque l’oiseau doit se refroidir – l’équivalent de la transpiration chez l’humain par une chaude journée d’été.
Hannes Schraft concède que cela peut sembler paradoxal. Après tout, on voit souvent les oiseaux qui ont froid enfouir leur bec dans leur plumage pour se réchauffer. En outre, les biologistes ont démontré qu’en moyenne, les oiseaux qui vivent dans des climats froids ont de plus petits becs.
Les macareux huppés étudiés par M. Schraft vivant en Alaska, la logique aurait voulu qu’ils aient un petit bec. Toutefois, des besoins en concurrence pourraient expliquer pourquoi ils n’obéissent pas à cette logique.
« Une tempĂ©rature corporelle trop Ă©levĂ©e peut ĂŞtre un problème important pour les oiseaux marins qui doivent voler sur de longues distances pour nourrir leurs oisillons durant la saison de reproduction, explique M. Schraft. Le macareux a peut-ĂŞtre rĂ©solu ce problème en dĂ©veloppant un gros bec au fil de son Ă©±ą´Ç±ôłÜłŮľ±´Ç˛Ô. »
Crédit photo: Kyle Elliott
L’éłŮłÜ»ĺ±đ
L’article « » de Hannes A. Schraft, Shannon Whelan et Kyle H. Elliott (doi : 10.1242/jeb.212563) a été publié dans le Journal of Experimental Biology.
Ces travaux ont reçu une aide financière du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada et de la Chaire de recherche du Canada en écologie de l’Arctique.
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