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Ces enfants qui préfèrent la guerre à la paix

Des enfants nés de viols de guerre en Ouganda sont victimes de violence, de stigmatisation et d’exclusion sociale
±ĘłÜ˛ú±ôľ±Ă©: 11 April 2017

Pour la plupart des gens, la fin d’un conflit armé est synonyme de soulagement, d’espoir et d’une vie sans violence. Pour de nombreux enfants nés des viols de guerre, les brutalités se poursuivent toutefois après l’armistice.

Voilà le constat d’une récente menée auprès d’enfants nés de mères enlevées et violées par des soldats de l’Armée de résistance du Seigneur (ARS), un groupe rebelle mené par Joseph Kony, tristement célèbre pour sa brutalité pendant la guerre civile ougandaise entre 1986 et 2007.

Rarement a-t-on donnĂ© la parole aux enfants nĂ©s des viols perpĂ©trĂ©s en temps de guerre. C’est pourquoi des chercheurs de l’UniversitĂ©ĚýĆ˝ĚŘÎ岻ÖĐ se sont associĂ©s Ă  un collectif de femmes, Watye Ki Gen, kidnappĂ©es par l’ARS pendant le conflit ougandais. Ensemble, ils ont interviewĂ© 60Ěýjeunes âgĂ©s de 12 Ă  19Ěýans et ayant vĂ©cu une partie de leur enfance en captivitĂ©. Certains d’entre eux ont habitĂ© dans les camps de l’ARS que quelques mois après leur naissance alors que d’autres y sont restĂ©s jusqu’à sept ans.

Afin d’étoffer leur démarche, l’équipe de recherche a également organisé des ateliers d’art afin que les jeunes puissent plus facilement parler de leurs expériences avant et après le conflit.

Lorsqu’invités à dessiner leur famille avant et après le conflit, les chercheurs ont constaté que plusieurs des participants avaient choisi de se représenter avec un visage triste dans les dessins d’après-guerre. Interrogés à ce sujet, les jeunes ont expliqué avoir le sentiment que leur vie, ainsi que celle de leurs frères et sœurs, était, à plusieurs égards, meilleure pendant la guerre.

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Ce constat pour le moins Ă©tonnant, posĂ© dans la revue Child Abuse &ĚýNeglect, rĂ©sulte des multiples formes de violence, de stigmatisation, d’exclusion sociale et de marginalisation socioĂ©conomique dont sont victimes ces enfants nĂ©s de mères maintenues en captivitĂ© par l’ARS, explique MyriamĚýDenov, coauteure de l’éłŮłÜ»ĺ±đ et professeure Ă  l’École de service social de l’UniversitĂ©ĚýĆ˝ĚŘÎ岻ÖĐ.

« Le fait que ces jeunes considèrent la guerre — alors qu’il y règne un climat de violence, de bouleversements, de famine et de terreur — comme Ă©tant plus enviable que la paix est totalement dĂ©concertant et dĂ©montre Ă  quel point ils se sentent marginalisĂ©s, souligne la PreĚýDenov, une spĂ©cialiste des enfants victimes de la guerre et auteure d’un livre portant sur les enfants soldats de la Sierra Leone.

« La vie n’est pas facile »

Plusieurs des participants de l’éłŮłÜ»ĺ±đ avaient le mĂŞme père, soit Joseph Kony, le chef de l’ARS. Lors des interviews menĂ©es par les chercheurs, les jeunes ont souvent expliquĂ© que « la guerre Ă©tait prĂ©fĂ©rable Ă  la paix » puisqu’ils avaient l’impression de faire partie d’une famille lorsqu’ils vivaient parmi les rebelles.

« La vie n’est pas facile ici parce que nous sommes stigmatisĂ©s, a expliquĂ© l’un des participants lors d’une interview. Les gens dĂ©versent leur haine sur nous. Dans ma famille, il y a trois enfants nĂ©s en captivitĂ© et on nous dĂ©teste tous. ĚýMon oncle nous bat et il a dit qu’il nous tuerait. Il ne veut pas de petits rebelles Kony dans sa maison. »

L’éłŮłÜ»ĺ±đ fait Ă©galement ressortir l’absence de services de soutien de nature Ă  changer la perception de ces enfants. Les participants ont Ă©voquĂ© des pistes de solution afin de leur venir en aide, notamment des interventions ciblĂ©es afin d’amĂ©liorer leur statut socioĂ©conomique, un soutien pour amĂ©liorer l’accès aux Ă©łŮłÜ»ĺ±đs ainsi que des programmes de soutien psychosocial, de sensibilisation et de rĂ©conciliation.


Cette Ă©łŮłÜ»ĺ±đ a Ă©tĂ© financĂ©e par la Fondation Pierre Elliott Trudeau.

L’article « When war is better than peace: The post-conflict realities of children born of wartime rape in northern Uganda », par MyriamĚýDenov et AtimĚýAngelaĚýLakor, a Ă©tĂ© publiĂ© dans la revue Child Abuse & Neglect.

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