Alors que les professeurs spécialisés en immersion française constituent une denrée rare au pays, l’Université ƽÌØÎå²»ÖÐ offre aux enseignants la possibilité de se former à cette approche pédagogique particulière. Une option qui demeure toutefois encore méconnue.
C’est en discutant avec l’une de ses anciennes professeures que Samantha Meixian Fong a appris l’existence du certificat d’études supérieures en pédagogie de l’immersion française. « J’avais envie d’enseigner en français, mais je ne me sentais pas tout à fait outillée pour ce faire », explique la diplômée en enseignement de l’histoire, éthique et culture religieuse de l’université ƽÌØÎå²»ÖÐ.
En effet, alors qu’elle avait elle-même fréquenté les classes francophones pendant son primaire et son secondaire, la jeune femme avait plutôt opté pour un cheminent en anglais au cégep et à l’université. C’est pourquoi Samantha Meixian Fong a décidé d’enchaîner avec le certificat dès l’obtention de son baccalauréat, en 2017. « Même si je connaissais bien la langue française, j’avais l’impression d’avoir perdu certains acquis en écriture par exemple. Ce programme m’a permis de revoir ces notions, en plus de m’outiller pour ce type d’enseignement. »
Un diplôme qui lui a ouvert plusieurs portes, estime celle qui travaille maintenant à la Commission scolaire English-Montréal. En effet, quiconque veut y enseigner en français doit passer un test évaluant la maîtrise de la langue. « Le certificat m’a beaucoup aidé à avoir la confiance pour y arriver », explique-t-elle.  Aujourd’hui, elle peut autant être professeure de français langue seconde que titulaire d’un groupe en immersion au primaire ou encore transmettre des matières comme les mathématiques ou les sciences dans la langue de Molière.
Une option de plus en plus populaire
Si au Québec, toutes les commissions scolaires anglophones offrent cette option, les classes d’immersion en français sont également de plus en plus populaires à travers le Canada. Signe de cet engouement, quelque 430 000 élèves seraient inscrits dans ce genre de parcours au pays, selon les données les plus récentes de Statistique Canada. Une proportion qui grimpe chaque année.
Devant cette montée, combinée au fait que peu d’enseignants sont réellement formés à cette approche pédagogique, l’Université ƽÌØÎå²»ÖÐ a décidé de lancer en 2014 le certificat d’études supérieures en pédagogie de l’immersion française, explique Caroline Riches, professeure agrégée et directrice des programmes au département des études intégrées en science de l’éducation. « Il y avait, et il y a toujours, une pénurie d’enseignants spécialisés pour les classes d’immersion. » Cette formation de 15 crédits destinée aux diplômés est donc venue bonifier l’offre de l’université, qui offrait aussi un baccalauréat spécialisé en cette matière.
Bien qu’un diplôme spécifique ne soit pas obligatoire pour enseigner en immersion, c’est un atout majeur, souligne pour sa part Susan Ballinger, professeure adjointe au département. « Il y a des lacunes dans le développement du français des élèves en immersion et nous, les chercheurs spécialistes du sujet, croyons que c’est fortement lié au manque de formation spécialisée des enseignants. »
En effet, il ne faut pas oublier que l’enseignant doit non seulement aider l’étudiant à comprendre la matière enseignée, par exemple les mathématiques, mais aussi l’accompagner dans son apprentissage de la langue. C’est cette double approche que permet d’approfondir le certificat d’études supérieures. « Ce programme m’a permis d’analyser le travail en classe d’immersion et de savoir avec précision le niveau de langue attendu des étudiants. Ainsi, je peux établir des objectifs très précis non seulement sur la matière enseignée, mais aussi sur l’apprentissage du français. Par exemple, il faut s’adapter à leur niveau pour ne pas les décourager, en les évaluant seulement à l’oral plutôt qu’à l’écrit », illustre Samantha Meixian Fong.
Le département travaille également en étroite collaboration avec les commissions scolaires pour prendre le pouls de leurs besoins, explique Susan Ballinger. De même, l’équipe a mis en place des échanges avec d’autres universités offrant ce genre de programmes à travers le Canada pour faire émerger, et s’inspirer, des meilleures pratiques. Mais pour le moment, l’équipe espère mieux faire connaître ce diplôme qui apporte une plus-value aux diplômés. « Ce programme m’a permis de réaliser à quel point les défis sont différents en immersion et en enseignement du français langue seconde. Et c’est intéressant de pouvoir faire les deux », estime Samantha Meixian Fong. Un plus pour sa carrière.
Pour en savoir plus sur le Certificat d’études supérieures en pédagogie de l’immersion française ou pour faire une demande d’admission.
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