Nous n’avons pas tous les mĂŞmes chances : Sanchit Gupta et Milton Calderon, Ă©łŮłÜ»ĺľ±˛ą˛ÔłŮ˛ő au premier cycle Ă l’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ, en ont eu un bel exemple en 2016. Après avoir vu le personnel de la cafĂ©tĂ©ria jeter une quantitĂ© impressionnante de nourriture au moment de la fermeture, ils ont croisĂ© la route de sans-abri qui quĂŞtaient pour acheter Ă manger.
« Sur le chemin de la résidence, nous avons été témoins d’une pauvreté criante, explique Sanchit Gupta, qui a terminé ses études au printemps avec une majeure en anatomie et biologie cellulaire et une mineure en entrepreneuriat. Nous nous sommes retrouvés face à deux réalités : une abondance de nourriture qui côtoie une grande insécurité alimentaire et la pauvreté, en plein centre-ville de Montréal. »
De cette expĂ©rience en apparence anodine est nĂ©e , une entreprise sociale que les deux Ă©łŮłÜ»ĺľ±˛ą˛ÔłŮ˛ő ont fondĂ©e en se disant que l’accès Ă la nourriture Ă©tait un droit humain et qu’il fallait tendre vers l’alimentation durable pour tous, pour toujours. Le projet jette un pont entre deux solitudes – on rĂ©cupère la nourriture fraĂ®che et intacte qui aurait pris le chemin des poubelles pour la donner aux centres d’hĂ©bergement pour sans-abri, pour qui les repas reprĂ©sentent une dĂ©pense importante.
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Au Canada, une famille sur huit doit faire face à l’insécurité alimentaire
En analysant les statistiques et les problĂ©matiques liĂ©es au gaspillage et Ă l’insĂ©curitĂ© alimentaires, les deux Ă©łŮłÜ»ĺľ±˛ą˛ÔłŮ˛ő ont Ă©tĂ© Ă©tonnĂ©s d’apprendre qu’au Canada, on gaspille pour environ 31 milliards de dollars de nourriture chaque annĂ©e et qu’une famille sur huit est aux prises avec l’insĂ©curitĂ© alimentaire ou n’a pas accès Ă de la nourriture saine sur une base rĂ©gulière.
Ils ont également constaté que dans les milieux socio-économiques défavorisés, on retrouve beaucoup plus de déserts alimentaires et de concentrations de restaurants de malbouffe que de quartiers où les épiceries sont facilement accessibles.
Sanchit Gupta, qui a reçu en octobre le Ěýdans la catĂ©gorie PersonnalitĂ© 1er cycle, notamment pour son travail avec MealCare, nous apprend qu’un centre d’hĂ©bergement doit dĂ©bourser entre trois et cinq dollars pour chaque repas. « Et on ne peut pas acheter beaucoup d’aliments sains avec cette somme. »
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Mentorat du chef du Service de restauration de Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ
Milton Calderon et Sanchit Gupta ont fait appel Ă Oliver de Volpi, chef du Service de restauration de Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ, qui s’est montrĂ© très rĂ©ceptif Ă leur projet et les a aidĂ©s Ă faire de MealCare une rĂ©alitĂ©.
« Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ nous a donnĂ© des ailes, affirme Milton Calderon, et Oliver de Volpi a vraiment la durabilitĂ© Ă cĹ“ur. Les chefs comme lui jouent un rĂ´le très important; ils sont au fait de la durĂ©e de conservation des aliments et connaissent une foule d’organismes externes. »
Oliver de Volpi, Milton Calderon et Sanchit Gupta ont créé un modèle : MealCare ramasse la nourriture excédentaire des cafétérias de l’Université et des fournisseurs sur les campus pour ensuite les acheminer jusqu’aux centres d’hébergement pour sans-abri et aux soupes populaires de Montréal. Les denrées non périssables sont livrées à Jeunesse au soleil, organisme de services sociaux qui œuvre à Montréal depuis longtemps.
Entre 10 et 15 personnes forment l’équipe de base de MealCare, qui peut aussi compter sur l’aide d’une vingtaine de bĂ©nĂ©voles Ă l’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ.
Actuellement, MealCare travaille en collaboration avec les cafĂ©tĂ©rias de Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ, Snax, Dispatch et le CafĂ© Athletics. « Nous rĂ©cupĂ©rons aussi la nourriture excĂ©dentaire lors de diverses activitĂ©s », prĂ©cise Sanchit Gupta, qui souhaite Ă©galement Ă©tablir des partenariats avec des Ă©piceries et des restaurants locaux. MealCare aide Ă nourrir les citoyens les plus vulnĂ©rables, mais il contribue Ă©galement Ă faire de Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ un campus zĂ©ro dĂ©chet.
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Partout au pays
La section principale de MealCare loge Ă l’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ, mais d’autres campus ont maintenant leur Ă©quipe – l’UniversitĂ© Guelph, l’UniversitĂ© d’Ottawa et bientĂ´t l’UniversitĂ© Western Ontario, Ă London – et d’autres possibilitĂ©s d’expansion sont dans l’air. « Plus d’une centaine de personnes participent aux activitĂ©s de MealCare Ă l’échelle nationale », souligne Milton Calderon. MealCare a Ă©galement conclu un partenariat avec le programme DriveSafe, dont les bĂ©nĂ©voles transportent la nourriture gratuitement Ă MontrĂ©al.
« Nous voulons crĂ©er d’autres modèles semblables Ă celui de Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ afin que d’autres rĂ©gions puissent Ă©galement s’attaquer au gaspillage et Ă l’insĂ©curitĂ© alimentaires », dĂ©clare Sanchit Gupta.
MealCare a fait sa première livraison en 2017. À la mi-octobre, l’organisme avait déjà livré plus de 17 000 repas au Canada.
Milton Calderon a terminĂ© ses Ă©tudes Ă l’étĂ© 2019, et il obtiendra bientĂ´t son baccalaurĂ©at spĂ©cialisĂ© en dĂ©veloppement international et en Ă©conomie. Ă€ titre de responsable de la gestion de l’expansion de MealCare, il affirme que le succès de l’organisme traduit bien l’engagement des Ă©łŮłÜ»ĺľ±˛ą˛ÔłŮ˛ő envers « les causes axĂ©es sur le dĂ©veloppement durable et favorisant la coopĂ©ration ».
Pour sa part, Sanchit Gupta affirme que l’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖР« est devenue le miroir de ce modèle. L’UniversitĂ© transmet des connaissances aux Ă©łŮłÜ»ĺľ±˛ą˛ÔłŮ˛ő, mais elle leur donne Ă©galement les moyens de concrĂ©tiser leurs nouveaux acquis. Si Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ n’avait pas ouvert le bal, nous aurions eu beaucoup de mal Ă faire accepter MealCare aux autres Ă©tablissements ».