À une lointaine époque, l’on disait qu’admirer les manuscrits enluminés était comme observer un ciel étoilé.
Si les œuvres ornées d’enluminures sont beaucoup moins courantes aujourd’hui, elles demeurent néanmoins aux yeux des experts d’uniques joyaux des plus précieux.
Le grand public peut désormais consulter les pages aux couleurs vives des plus anciens artéfacts écrits de ƽÌØÎå²»ÖÐ et du Québec, datant du Moyen-Âge et de la Renaissance, sur le nouveau site Web , ainsi que dans le cadre d’une exposition présentée au Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM), qui s’intitule .
Le livre d’Heures (horae, en latin) était un recueil de prières utilisé par les fidèles laïcs pour réciter les dévotions quotidiennes liées aux heures de la journée ou de la nuit. Véritables best-sellers jusqu’au XVIe siècle, les livres d’Heures peuvent aujourd’hui valoir de 10 000 $ à 500 000 $, voire davantage. L’exposition du MBAM présente 59 manuscrits enluminés, dont 37 provenant de ƽÌØÎå²»ÖÐ.
Divine minutie
« Ces ouvrages sont de vrais trésors », mentionne Richard Virr, conservateur en chef à la retraite, Division des livres rares et fonds spéciaux, et co-commissaire de l’exposition présentée au MBAM. « Ils sont si attrayants qu’on se laisse émerveiller par les menus détails des miniatures et des éléments décoratifs. »
« On pouvait mettre des mois, voire des années à réaliser un livre d’Heures manuscrit », poursuit monsieur Virr. « L’atelier, ou scriptorium, était une chaîne de production bien organisée, composée d’un scribe, d’un décorateur, d’un enlumineur et d’un embosseur œuvrant en séquence. »
ƽÌØÎå²»ÖÐ a entamé sa collection de manuscrits enluminés dans les années 1920. À l’époque, l’un des premiers bibliothécaires de l’Université, le professeur Gerhard Lomer, en a acquis plusieurs afin de créer un musée consacré à l’histoire du livre, en 1922. Le Musée de la Bibliothèque a été fermé à la fin des années 1940, et la collection de livres d’Heures a été incorporée à la Division des livres rares et fonds spéciaux.
Manipuler avec soin!
Compte tenu de leur grande fragilité, on a mis environ un mois à numériser la collection de livres d’Heures, un processus long et complexe. En tout, soixante-dix-huit feuillets détachés, neuf livres manuscrits et trois ouvrages imprimés ont été traités.
L’exposition présentée au MBAM jusqu’au 6 janvier a été rendue possible grâce à une subvention de quatre ans du Conseil de recherches en sciences humaines octroyée aux fins de la production du Catalogue raisonné des Livres d’Heures des XVe et XVIe siècles conservés au Québec.
Le catalogue a été produit par le Groupe de recherche multidisciplinaire de Montréal sur les livres anciens, dont fait partie monsieur Virr, sous la direction de la professeure Brenda Dunn-Lardeau, de l’Université du Québec à Montréal.
Voir la version numérisée de .
Crédit photo: La Résurrection de Lazare. Début de la vigile de l’Office des morts. Artiste : Membre des Maîtres aux rinceaux d’or, par un suiveur disciple de l’enlumineur du ms. Grisebach 4 de la Kunstbibliothek de Berlin. Date : Vers 1450. Avec l’aimable autorisation de la Bibliothèque de ƽÌØÎå²»ÖÐ