L’année 2020 augure plutôt bien pour Carbicrete, dont la technologie mcgilloise permet de fabriquer du béton plus écologique.
Cette jeune pousse montréalaise vient d’accéder à l’édition 2020 de la liste . Compilée par Cleantech Group, cabinet de recherche de San Francisco, cette liste est « un florilège des entreprises les plus novatrices et prometteuses, prêtes à laisser leur marque sur le marché et dans le monde d’ici cinq à dix ans. »
L’arrivée de Carbicrete parmi ces 100 champions de l’鳦´Ç³Ù±ð³¦³ó est l’un des nombreux événements récents à marquer d’une pierre blanche sur la trajectoire de cette entreprise, née il y a trois ans. Cette nomination arrive à point nommé : de plus en plus de grandes entreprises cherchent à réduire leur empreinte carbone. Ainsi, Microsoft a annoncé en janvier .
En décembre, Harsco Corp., entreprise de Pennsylvanie active dans plus de 30 pays, a annoncé que sa division Environnement allait dans Carbicrete. Au même moment, la jeune pousse recevait une subvention de 2,1 millions de dollars de la fondation fédérale Technologies du développement durable Canada.
Projet-pilote à Drummondville
Grâce à ces injections de fonds, Carbicrete lancera un projet-pilote à l’échelle industrielle en partenariat avec Patio Drummond, fabricant de pavés et d’autres produits de béton établi à Drummondville, au Québec. Ainsi, Carbicrete prévoit commencer à produire des « éléments de maçonnerie en béton » – les fameux blocs de béton creux – à l’usine de Drummondville à la mi‑2020 et vise, à terme, une production quotidienne de 25 000 blocs, nous a confié en entrevue téléphonique Yuri Mytko (B.A., 1999), directeur du marketing de Carbicrete.
Mise au point dans un laboratoire de la Faculté de génie de ƽÌØÎå²»ÖÐ, la technologie de Carbicrete permet la confection de produits de béton préfabriqué négatifs en carbone destinés au secteur de la construction. Contrairement aux blocs traditionnels, dans lesquels le ciment Portland agit comme liant, les blocs de Carbicrete sont fabriqués à l’aide de la scorie d’acier, sous-produit de la fabrication de l’acier.
En matière de changements climatiques, le procédé de fabrication du ciment trône en bonne place au banc des accusés. On fabrique annuellement plus de quatre milliards de tonnes de ciment, production responsable d’environ 8 % des émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2) selon un , institut de réflexion londonien.
En éliminant le ciment de son mélange de béton, Carbicrete allège l’empreinte carbone du procédé de fabrication. Et ce n’est pas tout : pour la cure du béton – qui se fait habituellement à la chaleur et à la vapeur – Carbicrete utilise plutôt le dioxyde de carbone, capturant dès lors le CO2 en permanence.
Bilan carbone négatif
Comme le procédé de fabrication est exempt de ciment, d’une part, et met à profit le CO2, d’autre part, il est négatif en carbone.
« La production d’un bloc de béton traditionnel entraîne l’émission d’environ 2 kilogrammes de CO2, précise Mehrdad Mahoutian, cofondateur et directeur technique de Carbicrete. En fait, chacun de nos blocs renferme environ 1 kilogramme de CO2. »
Mehrdad Mahoutian (Ph. D., 2014) a mis cette technologie au point pendant ses études doctorales en compagnie de Yixin Shao, professeur de génie à l’Université ƽÌØÎå²»ÖÐ, avec lequel il a remporté, en 2015-2016, le Prix William et Rhea-Seath pour l’innovation en génie du pôle d’innovation technologique et entrepreneuriale de la Faculté de génie.
En 2018, Carbicrete a fait partie des 10 équipes finalistes – en provenance de cinq pays – du concours Carbon XPRIZE. Coparrainé par les groupes NRG COSIA, ce concours mondial d’une durée de quatre ans et demi a pour but de stimuler la mise au point de technologies révolutionnaires permettant de transformer les émissions de CO2 provenant de centrales énergétiques en produits de grande valeur.
Solidement appuyée par les investissements de Harsco et du gouvernement du Canada, Carbicrete se consacre actuellement à son projet-pilote de Drummondville, indique Chris Stern (B. Ing., 1994), président-directeur général de Carbicrete. Par ailleurs, « le savoir-faire de la division Environnement d’Harsco en traitement des matériaux et son adhésion pleine et entière aux technologies propres fait d’elle le partenaire idéal pour amener les constructeurs du monde entier à utiliser un béton efficient et exempt de ciment ».