Depuis la création de l’institut, les chercheurs et cliniciens du Neuro s’emploient à approfondir les mystères de l’épilepsie et à améliorer les méthodes de diagnostic et de traitement des patients qui en sont atteints. Il y a plus de 70 ans, le fondateur du Neuro, le Dr Wilder Penfield, instaurait la « procédure de Montréal », un traitement chirurgical de l’épilepsie encore utilisé partout dans le monde.
Le Neuro est également la première organisation canadienne à avoir employé l’électroencéphalographie et l’imagerie par résonnance magnétique pour la recherche sur l’épilepsie et le diagnostic de la maladie. À l’occasion de la Journée lavande de sensibilisation à l’épilepsie du 26 mars, le Neuro souhaite souligner le travail de ses chercheurs et cliniciens d’hier et d’aujourd’hui qui, grâce à leurs travaux sur l’épilepsie, ont amélioré la vie de personnes souffrant de cette maladie souvent débilitante.
Un passé prestigieux
Parmi les personnalités éminentes de l’histoire du Neuro figure l’un des épileptologues les mieux connus du monde, le Dr Frederick Andermann, qui est décédé en 2019 après avoir passé l’ensemble de sa carrière médicale au Neuro. À la suite du décès du Dr Anderman, un panel international d’épileptologues s’est réuni au Neuro pour présenter ses plus récentes conclusions en matière de syndromes épileptiques, de méthodes de recherche et de techniques chirurgicales, et lui rendre hommage.
En décembre dernier, le Neuro a donné à son unité d’épileptologie clinique le nom du Dr Andermann, en l’honneur de celui qui l’avait dirigée pendant 35 ans. Une plaque portant le nom du médecin a été installée dans l’unité. La création des conférences Fred Andermann en épileptologie clinique de la Ligue internationale contre l’épilepsie, un organisme ayant décerné au Dr Andermann son prix d’excellence pour l’ensemble de ses réalisations en 2015, témoigne de la reconnaissance mondiale manifestée à l’épileptologue pour sa contribution au domaine.
Un avenir plein d’espoir
La Dre Birgit Frauscher fait partie d’une nouvelle génération de chercheurs et de cliniciens du Neuro qui poursuivent la tradition de figure de proue de l’institut en matière d’épilepsie entamée par les générations du Dr Penfield et du Dr Andermann.
Par exemple, la Dre Frauscher et ses collègues ont mis en lumière l’influence possible de l’activité épileptique durant le sommeil sur le développement des perturbations du sommeil. Les troubles du sommeil sont courants chez les patients atteints d’épilepsie, mais l’influence directe de l’activité épileptique sur le sommeil demeure peu connue.
Trente-six patients de l’Unité Frederick Andermann d’épileptologie clinique ont accepté de subir des tests pour déterminer s’il y avait un lien entre l’activité épileptique liée au sommeil et
les perturbations du sommeil. Tous les sujets de l’étude étaient atteints d’épilepsie focale pharmacorésistante. Les résultats de l’étude ont été publiés dans la revue Annals of Neurology, 2020, 88, p. 907-920.
Les tests faisaient appel à deux méthodes de détection des crises. La stéréoencéphalographie repose sur l’implantation, dans des zones cibles des deux hémisphères du cerveau, d’électrodes capables de détecter la source des crises à des profondeurs plus grandes que l’électroencéphalographie (EEG) conventionnelle. La polysomnographie repose sur l’utilisation d’une variété de capteurs placés sur le corps du sujet pendant la nuit. Les capteurs enregistrent les ondes cérébrales, les mouvements des yeux et l’activité musculaire de la personne.
« La grande majorité des études précédentes employaient l’EEG conventionnelle sur le cuir chevelu, ce qui permettait de détecter les crises atteignant la surface, mais non les crises des régions profondes du cerveau », explique la Dre Frauscher. « Notre approche novatrice nous a permis d’obtenir un modèle précis en trois dimensions de l’évolution des crises et de leur localisation. Nous avons pu enregistrer non seulement les crises évidentes, mis aussi les pointes épileptiques individuelles de très courte durée, soit de moins de 70 millisecondes. »
Nous savions déjà que les crises convulsives causaient l’éveil ou le réveil pendant le sommeil chez bon nombre de patients atteints d’épilepsie.
L’équipe de la Dre Frauscher a recueilli des preuves d’une possible association entre le sommeil entrecoupé et une activité épileptique à peine détectable durant la période entre deux crises, nommée activité interictale. Dans le cadre de son étude, l’équipe a enregistré une activité interictale accrue précédant l’éveil des sujets, ce qui laisse présager un lien entre cette activité et les perturbations du sommeil. Les chercheurs ont également détecté une augmentation du taux de minuscules crises épileptiques durant la période d’éveil. La Dre Frauscher soupçonne l’instabilité au point de transition veille-sommeil d’accroître la susceptibilité du cerveau aux crises et, par conséquent, d’être responsable de cette hausse du taux de crises.
« Ces petites signatures de l’épilepsie s’ajouteraient aux crises évidentes pour venir perturber le sommeil », conclut la Dre Frauscher. « Jusqu’à présent, la pharmacothérapie a été utilisée pour faire cesser les crises importantes, mais les cliniciens ne se sont pas penchés sur le traitement de ces petites signatures. Nos données pourraient changer la façon dont nous traitons l’épilepsie. Or, nous devons avant tout mener d’autres études. Nous avons entrepris des recherches pour savoir dans quelle mesure l’activité interictale détermine les réactions de réveil, ou si un troisième facteur pouvait être en jeu. »
À l’occasion de la Journée lavande de sensibilisation à l’épilepsie, le Neuro rend hommage non seulement à la Dre Frauscher et à ses collègues, mais à tout le personnel des instituts cliniques et de recherche du monde entier qui collaborent à l’avancement des connaissances sur l’épilepsie et à la mise au point de traitements pouvant améliorer la vie des personnes atteintes.