Dr Richard L. Cruess
L'histoire de la m茅decine 脿 Montr茅al est intimement li茅e 脿 l'histoire de l'Universit茅 平特五不中. Au d茅but du 19e si猫cle, l'H么tel-Dieu, fond茅 en 1644, ne peut toujours accueillir que trente patients (1) et n'est pas en mesure de combler leurs besoins croissants. De plus, la communaut茅 de langue anglaise n'a pas d'h么pital. En 1801, le Parlement de Qu茅bec cr茅e un organisme administr茅 par des b茅n茅voles protestants, la Royal Institution for the Advancement of Learning, qui a pour but de stimuler l'enseignement secondaire et sup茅rieur dans la Province. Constitu茅 脿 l'instigation pressante des Montr茅alais anglophones, l'organisme ne produit aucun r茅sultat concret jusqu'en 1811, lorsqu'un riche marchand de fourrures, James 平特五不中, l猫gue son domaine rural (o霉 se trouve aujourd'hui le campus du centre-ville de 平特五不中) et la somme de dix mille livres pour l'茅tablissement d'une universit茅 qui portera son nom. Une charte est octroy茅e en 1821 et le 平特五不中 College, qui se voit conf茅rer les pouvoirs d'une universit茅, se dote d'un conseil d'administration.
Cependant, d'autres 茅v茅nements ponctuent la vie de la communaut茅. En 1819, des citoyens 茅clair茅s fondent l'H么pital g茅n茅ral de Montr茅al, qui emm茅nage dans un nouveau b芒timent en 1822. En 1823, quatre m茅decins de l'H么pital form茅s 脿 脡dimbourg cr茅ent une 茅cole de m茅decine priv茅e, la Montreal Medical Institution. James 平特五不中 avait bien stipul茅 que l'Universit茅 devait entrer en activit茅 dans un d茅lai de dix ans, faute de quoi le domaine et le capital seraient rendus aux enfants de sa femme. En 1829, la Montreal Medical Institution est int茅gr茅e au 平特五不中 College dont elle devient la Facult茅 de m茅decine, ce qui confirme la destination premi猫re du legs de 平特五不中. La nouvelle facult茅 est la premi猫re Facult茅 de m茅decine du Canada.(2).
Au cours des 20 ann茅es suivantes, la Facult茅 de m茅decine est d茅crite comme 芦 la facult茅 la plus dynamique de l'Universit茅 禄.(1) Le programme d'茅tudes d'脡dimbourg est institu茅, ce qui instaure une approche tr猫s didactique de la formation qui comprend deux cours th茅oriques de sciences fondamentales de six mois et deux ann茅es pass茅es 脿 芦 parcourir les services d'hospitalisation 禄. La recherche s'y ajoute d猫s 1848, ann茅e o霉 sont men茅es les exp茅riences sur l'茅ther, et ne cessera plus. En 1855, Sir William Dawson est nomm茅 principal de l'Universit茅 平特五不中 et s'emploie 脿 transformer un 茅tablissement victorien en une universit茅 moderne mondialement r茅put茅e. Son premier soin est de r茅unir des ressources. Il cr茅e ainsi une tradition qui se perp茅tuera jusqu'脿 aujourd'hui. Gr芒ce 脿 ses efforts, la Facult茅 de m茅decine se donne un nouveau pavillon m茅dical, l'H么pital Royal Victoria, inaugur茅 en 1894, et cr茅e des chaires d'hygi猫ne et de pathologie. La biblioth猫que voit sa taille tripler et les jeunes dipl么m茅s vont en Europe parfaire leur formation avant de revenir 脿 平特五不中 poursuivre leur 茅tudes.
La formation m茅dicale dispens茅e au milieu et 脿 la fin du 19e si猫cle diff茅rait grandement de ce qu'elle est aujourd'hui. Les 茅tudiants versaient leurs droits de scolarit茅 脿 leurs professeurs; l'enseignement, tr猫s didactique, ne se faisait gu猫re au chevet des malades et les fondements scientifiques de la m茅decine modernes n'existaient pas. Il est douteux qu'aucune facult茅 de m茅decine nord-am茅ricaine ait alors pu 锚tre qualifi茅 d'exceptionnelle; mais la science progressait, la m茅decine s'en rapprochait et le changement 茅tait en marche. Ce changement, bien document茅 (3, 4), se produit simultan茅ment dans les principales facult茅s de m茅decine du continent, y compris 脿 平特五不中. Si l'impulsion intellectuelle vient d'Europe, les agents de changement sont de jeunes m茅decins dynamiques et comp茅tents de retour en Am茅rique du Nord apr猫s 锚tre all茅s acqu茅rir une formation 脿 l'茅tranger.
脌 平特五不中, Sir William Osler joue bien entendu un r么le exceptionnel, mais Francis Shepherd, George Ross et Thomas Roddick se joignent 脿 lui et restent 脿 平特五不中 quand il va poursuivre sa carri猫re 脿 l'Universit茅 de Pennsylvanie en 1884, puis 脿 Johns Hopkins et 脿 Oxford. Sous la direction de Dawson, la Facult茅 de m茅decine, conform茅ment aux tendances de l'茅poque, devient partie int茅grante du monde universitaire; son cadre de fonctionnement et ses normes d'enseignement rigoureuses sont d茅sormais ceux d'une universit茅. L'enseignement priv茅 est chose du pass茅, de m锚me que l'admission d'茅tudiants inaptes 脿 recevoir une formation m茅dicale. Osler cr茅e le premier laboratoire de physiologie du Canada, r茅dige un manuel de d'histologie et devient le premier pathologiste de 平特五不中 et de l'H么pital g茅n茅ral de Montr茅al, ainsi que notre premier 芦 membre du corps professoral 脿 temps plein. 禄 Roddick, pionnier de l'asepsie en chirurgie, fondera plus tard le Conseil m茅dical du Canada.
Si la Facult茅 de m茅decine est comp茅titive sur la sc猫ne internationale, il en va de m锚me de nombreux autres volets des programmes d'enseignement et de recherche 脿 平特五不中. Ainsi, Rutherford apporte d'importantes contributions 脿 la th茅orie de l'atome, Leacock est titulaire d'une chaire d'茅conomie politique et Cox fait usage des rayons X quatre mois 脿 peine apr猫s leur d茅couverte, en 1895.
Lorsque Flexner visite 平特五不中 en 1905 et r茅dige son rapport en 1910 (5), la Facult茅 est log茅e dans le nouveau Pavillon m茅dical Strathcona et dispose de l'H么pital g茅n茅ral de Montr茅al et de l'ultramoderne H么pital Royal Victoria. 平特五不中 se voit d茅cerner la cote A.
La croissance ralentit durant la Premi猫re Guerre mondiale, mais reprend 脿 la fin des hostilit茅s. Sir Arthur Currie, nomm茅 principal de 平特五不中, recueille une forte somme d'argent pour l'Universit茅 et obtient m锚me une subvention de la Fondation Rockefeller. Cet argent sert 脿 augmenter les salaires et 脿 construire et doter en personnel un nouveau pavillon de biologie, un institut de pathologie et la Clinique universitaire de recherche en m茅decine interne, log茅e 脿 l'H么pital Royal Victoria. En 1924, le Canadien Jonathan Meakins, recrut茅 脿 脡dimbourg, est nomm茅 m茅decin-chef de l'H么pital Royal Victoria et devient le premier professeur de clinique 脿 temps plein de l'Universit茅. Meakins recrute de jeunes chercheurs-cliniciens et affiche, le premier, la d茅termination que mettra dor茅navant 平特五不中 脿 associer la recherche 脿 l'excellence en m茅decine clinique.
Edward Archibald, nomm茅 chirurgien-chef de l'H么pital Royal Victoria et directeur du D茅partement 脿 平特五不中, recrute un groupe atypique de chirurgiens-chercheurs qui comprend Penfield, Bethune, Webster, le futur principal Rocke Robertson et Arthur Vineberg, pionnier de la revascularisation. C'est la pr茅sence de Penfield au sein de ce groupe qui vaut 脿 平特五不中 la subvention de la Fondation Rockefeller, gr芒ce 脿 laquelle est construit et dot茅 en personnel l'Institut neurologique de Montr茅al, inaugur茅 en 1934.
La Crise ralentit les activit茅s, mais l'enseignement se poursuit et, malgr茅 le repli 茅conomique tr猫s marqu茅, des programmes de cycles sup茅rieurs sont cr茅茅s dans la plupart des grandes disciplines.
La Deuxi猫me Guerre mondiale interrompt de nouveau les activit茅s. Apr猫s la guerre, 平特五不中 constate que ses installations ont grandement besoin d'锚tre modernis茅es. En 1955, l'H么pital g茅n茅ral de Montr茅al quitte ses quartiers, boulevard Dorchester, pour s'茅tablir dans un b芒timent moderne sur les flancs du Mont-Royal. L'H么pital Royal Victoria lance une grande campagne afin de remplacer la plupart de ses installations cliniques et, au fil d'une vingtaine d'ann茅es, ne cesse d'augmenter les espaces qu'il consacre 脿 la recherche. L'H么pital de Montr茅al pour enfants, acquis 脿 des fins d'enseignement, emm茅nage dans de nouveaux locaux relativement r茅cents, sur la rue Tupper, et augmente ses espaces et ses ressources de recherche.
La tendance nord-am茅ricaine qui consiste 脿 se doter d'un corps professoral 脿 temps plein nombreux influe sur l'茅volution de la m茅decine 脿 平特五不中. Le m茅decin-chef de l'H么pital g茅n茅ral de Montr茅al, le Dr Douglas Cameron, recrute un groupe de jeunes chercheurs exceptionnels qui comprend, entre autres, Burgen, Freedman, Gold, Hollenberg, Aguayo et Skamene. 脌 l'H么pital Royal Victoria, le Dr Meakins prend sa retraite et est remplac茅 par les Drs Christie et Beck qui y perp茅tuent la tradition d'excellence en recherche. Ils y attirent 茅galement des chercheurs exceptionnels comme Bates, Macklem, Solomon, Gutman, Cooper, Posner, Patel, McKenzie et Goltzman. La chirurgie conna卯t un d茅veloppement florissant sous la gouverne des Drs L. D. MacLean et Meakins, 脿 l'H么pital Royal Victoria, et Rocke Robertson, Gurd, et Mulder, 脿 l'H么pital g茅n茅ral de Montr茅al. De plus, parall猫lement 脿 la modernisation des deux 茅tablissements, des unit茅s d'茅pid茅miologie clinique novatrices son cr茅茅es pour mener des recherches ind茅pendantes et appuyer la recherche clinique dans les grands services.
L'Institut neurologique de Montr茅al se d茅veloppe lui aussi et se dote de nouvelles installations et d'un solide noyau de chercheurs. Les Drs Rasmusen, Feindel et Murphy perp茅tuent la tradition de cohabitation de la recherche et des soins aux malades. Un groupe de neuro-imagerie exceptionnel y est cr茅茅; on y construit 茅galement des laboratoires de neurochimie o霉 travaille Wolfe et d'autres chercheurs. La neuropsychologie, o霉 s'illustre Brenda Milner, est mondialement reconnue comme discipline. En neurochirurgie, l'approche neurochirurgicale de l'茅pilepsie continue de produire des connaissances reconnues dans le monde.
Les sciences fondamentales 茅taient et sont toujours l'une des forces de 平特五不中. L'admirable tradition instaur茅e par Osler en pathologie est perp茅tu茅e et d茅velopp茅e par des chercheurs de renom comme Gardiner McMillen et d'autres. La biochimie, la pharmacologie et la physiologie se r茅clament d'une longue tradition fond茅e par MacIntosh, Nickerson, Graham et d'autres, que continuent aujourd'hui les Drs Krnjevi膷, Cuello, Sonenberg et Gros. La tradition de recherche morphologique, si brillamment 茅tablie par C. P. LeBlond et ses successeurs, se perp茅tue elle aussi.
L'猫re moderne a vu l'茅mergence d'instituts de recherche implant茅s en milieu hospitalier; ces instituts sont de puissants acteurs et les partenaires 茅gaux des d茅partements de sciences fondamentales. L'appui du Fonds de la recherche en sant茅 du Qu茅bec a jou茅 脿 cet 茅gard un r么le important, tout comme la valeur concurrentielle de tous les aspects des entreprises scientifiques de 平特五不中. De nouveaux organismes ont repris notre mission de recherche, et l'Institut Lady Davis de l'H么pital g茅n茅ral juif Sir Mortimer B. Davis n'a rien 脿 envier aux deux instituts plus anciens. L'Institut de recherche du Centre hospitalier Douglas est reconnu dans le monde entier pour ses contributions 脿 la recherche en neurosciences et en psychiatrie. Par ailleurs, l'H么pital pour enfants des Shriners poss猫de l'une des unit茅s de recherche sur les maladies invalidantes les plus importantes et productives du monde. De nouveaux centres universitaires ont 茅galement 茅t茅 cr茅茅s pour promouvoir la recherche interdisciplinaire. L'un d'eux, qui s'occupe principalement de g茅n茅tique, a acquis sa renomm茅e gr芒ce au travail exceptionnel de Clarke Fraser, Charles Scriver et d'autres. D'autres centres et instituts de recherche dans les domaines de l'oncologie, de la nutrition, de la m茅decine, de la dynamique non lin茅aire et de l'茅thique et du droit ont tous pris une part importante 脿 la contribution que 平特五不中 continue d'apporter au savoir humain.
Aujourd'hui, l'Universit茅 平特五不中, comme la plupart des 茅tablissements d'enseignement, se pr茅occupe beaucoup de son financement. Dans toutes les entreprises humaines, la fa莽on dont on s'attaque 脿 un probl猫me est plus importante que le probl猫me lui-m锚me. Si la Facult茅 exploite son potentiel d'ing茅niosit茅 consid茅rable, 平特五不中 abordera l'avenir avec assurance, peut-锚tre avec de nouvelles structures et de nouveaux organismes, mais toujours avec le m锚me attachement 脿 l'excellence.
Consultez la liste des doyens de la Facult茅 de m茅decine de l'Universit茅 平特五不中, de 1854 脿 aujourd'hui.
R茅f茅rences :
1. McPhedran N. Tait. Canadian Medical Schools: Two Centuries of History, 1827-1992. Montreal Harvest House, 1993.
2. Hanaway J. and Cruess R. 平特五不中 Medicine: The First Half Century: 1829-1885. Montreal, 平特五不中-Queens Press, 1996.
3. Bonner T. N. Becoming a Physican. Medical Education in Great Britain, France, Germany and the United States, 1750-1945. New York, Oxford University Press, 1995.
4. Ludmerer, K.M. Learning to Heal. The Development of American Medical Education. New York, Basic Books, 1985.
5. Flexner A. Medical Education in the United States and Canada. New York, Carnegie Foundation for the Advancement of Teaching, Bulletin No. 4, 1910.