À la mémoire du professeur émérite Armand de Mestral (1941–2023)
La communauté de la Faculté de droit de l’Université ƽÌØÎå²»ÖÐ a appris avec tristesse le décès d’Armand de Mestral, C.M., le 16 juin 2023, à l’âge de 81 ans.Â
Diplômé de Harvard (A.B. magna cum laude, 1963; LL.M., 1968) et de ƽÌØÎå²»ÖÐ (B.C.L., 1966), le professeur de Mestral est devenu avocat au Barreau du Québec en 1967. Se rapprochant de ses racines familiales, il a par la suite travaillé en Suisse pour l’ancêtre de l’Organisation maritime internationale, avant d’approfondir son expertise en droit maritime au ministère de la Justice à Ottawa. Il a rejoint la Faculté de droit comme professeur en 1976. Au cours d’une longue carrière universitaire, il a enseigné le droit constitutionnel, le droit de la mer, le droit international public, le droit commercial international, l’arbitrage international, le droit de communautaire européen et le droit aérien international public. Il est devenu professeur émérite après avoir pris sa retraite en 2010. Preuve de son dévouement envers ses étudiantes et étudiants, il a continué d’enseigner même après sa retraite, jusqu’à ce que la pandémie de Covid-19 et ses problèmes de santé ne l’en empêchent. Il a publié des livres et des articles en anglais et en français, sur le droit commercial international, le droit comparé et constitutionnel canadien et le droit international. Il s’est distingué par ses contributions institutionnelles en tant que directeur de l’Institut de droit comparé de 1984 à 1989 et directeur par intérim de l’Institut de droit aérien et spatial de 1998 à 2002. Il a en outre été rédacteur en chef adjoint de l’Annuaire canadien de droit international de 1990 à 2011.Â
Le professeur de Mestral a reçu des doctorats honorifiques décernés par l’université de Lyon (1995) et l’université Kwansei Gakuin au Japon (2002). En 2003, il a été nommé titulaire de la Chaire Jean Monnet en intégration économique internationale. Cette nomination était d’autant plus à propos qu’Armand a été profondément influencé par la conviction de l’homonyme de la chaire que le commerce et l’intégration économique contribueraient à protéger les droits de l’homme, la démocratie libérale et la paix. En 2007, il a été fait membre de l’Ordre du Canada. Nommé Senior Fellow au Centre pour l’innovation dans la gouvernance internationale en 2014, il a ensuite été désigné par le Canada pour un mandat de dix ans comme membre de la liste pour les règlements de différends de l’Accord de libre-échange nord-américain, Chapitre 19 (Recours commerciaux), en 2018. Au cours de la même année, il a été nommé à la liste de membres experts pour le chapitre 24 (commerce et environnement) pour l’Accord économique et commercial global entre le Canada et l’Union européenneÂ
Il a présidé la Société canadienne de la Croix-Rouge – dont il était un soutien de longue date – de 1999 à 2001, au cours d’une période de défis et de transition pour l’organisation. Devant les enjeux éthiques soulevés dans le cadre de cette fonction, il a toujours fait preuve de patience, de sagesse et de discernement. Armand avait à cÅ“ur et citait souvent le verset biblique qui rappelle aux fidèles « d’obéir, d’être prêts à toute bonne Å“uvre ». John Whitgift, archevêque de Canterbury et fondateur de la Whitgift School en Angleterre, où Armand avait un temps été élève, aurait tiré de ce passage un sermon prononcé devant la reine Élisabeth Ire.Â
Armand était un collègue et un mentor exemplaire. Il a supervisé un nombre extraordinaire de travaux de recherche dans le cadre de nos programmes de cycles supérieurs et se montrait toujours prêt à participer aux soutenances de doctorat. Étant lui-même parfaitement bilingue, il était profondément attaché au bilinguisme de la Faculté de droit, à sa communauté diversifiée et respectueuse, ainsi qu’à l’ouverture mondiale de notre programme intégré. Bien que n’étant pas spécialiste du droit privé, il faisait la promotion de ƽÌØÎå²»ÖÐ et de notre conception de l’enseignement du droit partout où il allait, vantant ce qu’il jugeait être son avant-gardisme et son ingéniosité. Même en étant officiellement retraité, Armand suivait les nouvelles de la Faculté de droit et de l’Université, partageant fréquemment son point de vue – plus ou moins louangeur selon les cas – avec le locataire du Bureau du doyen.Â
Les amis d’Armand au sein de la communauté de la Faculté de droit gardent de lui de précieux souvenirs, qu’ils l’aient rencontré récemment ou – comme pour l’un d’entre eux – six décennies auparavant, le premier jour de leurs études à la Faculté de droit, alors qu’ils étaient assis côte à côte.Â
Nous nous souvenons de lui comme d’un homme exceptionnel à bien des égards, alliant de façon singulière la douceur, la force et la modestie. Véritable gentleman, il se distinguait par sa curiosité intellectuelle et faisait preuve d’une intégrité, d’une fiabilité et d’une gentillesse sans pareilles. Armand et son épouse, Rosalind Pepall, ont élevé leurs fils dans un foyer chaleureux, empreint d’art et de culture. Ses collègues se rappellent qu’il effectuait à pied le trajet entre la Faculté de droit et sa maison de Westmount, été comme hiver, qu’il pleuve ou qu’il vente.Â
La Faculté de droit présente ses plus sincères condoléances à sa chère Ros, à ses fils, Philippe et Charles, et à ses petits-enfants. Nous exprimons également nos condoléances aux nombreuses autres personnes – avocats, universitaires, juges, amis, citoyens – qui, comme nous, ont connu et aimé Armand de Mestral et qui, comme nous, le regretteront profondément.Â
Une commémoration aura lieu en septembre. Les détails seront communiqués en temps voulu.Â
Robert Leckey, Ad. E.Â
Doyen et titulaire de la Chaire Samuel Gale
20 juin 2023