Le décalage entre la salle de classe et la vraie vie peut parfois sembler important, mais l' de la Faculté de gestion Desautels cherche à l’atténuer. Il s’agit d’un programme de perfectionnement du leadership par l’expérience destiné aux personnes qui souhaitent changer la donne. En effet, les étudiants et étudiantes sont à l’origine d’initiatives qui ont des répercussions dans leur collectivité.
« Les étudiants et étudiantes de l'IMSF réalisent des projets dans des secteurs où ils peuvent véritablement améliorer les choses : santé mentale, droits des Autochtones, environnement, etc. Chaque initiative cible un enjeu sur lequel la société doit agir », indique Sabine Dhir, directrice du programme et directrice par intérim de l’Institut de gestion intégrée Marcel Desautels.
« Il y a quelques mois à peine, les étudiants et étudiantes ne comprenaient pas totalement les problèmes qu’ils cherchaient à résoudre. Cependant, avec un peu de structure et de soutien, on peut accomplir beaucoup de choses au cours de toute une année universitaire. Ils sont motivés et dynamiques, et il est formidable de voir tant de projets se poursuivre, même après que la bourse a officiellement pris fin. »
Les projets rĂ©alisĂ©s grâce Ă l'IMSF, qui comptent pour six crĂ©dits et s’échelonnent sur deux sessions, comportent trois volets : des travaux en classe, un projet de recherche dirigĂ© et une initiative dans la collectivitĂ©. MĂŞme s’il est offert par la FacultĂ© de gestion Desautels, il est ouvert aux Ă©tudiants et Ă©tudiantes de toutes les facultĂ©s de l’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ afin de favoriser une expĂ©rience multidisciplinaire. Les membres de la cohorte de cette annĂ©e ont expliquĂ© leur travail le 31 mars dans le cadre d’une journĂ©e de prĂ©sentation.
« Ce programme fonctionne en symbiose. Le cours et le projet de recherche permettent à l’initiative dans la collectivité de voir le jour », explique Mme Dhir.
Maximiser les répercussions
Océanne Guy, étudiante de l'IMSF, souhaitait aider les chefs d’entreprise à vocation sociale à maximiser les répercussions de leur travail. Ces entreprises cherchent à résoudre des problèmes sociaux, culturels ou environnementaux. Or, les défis à relever n’étaient pas exactement ceux que Mme Guy et son équipe avaient prévus.
« Nous pensions faire un site Web pour la collecte de dons, car nous avions remarqué que cette option n’était pas utilisée. Cependant, après avoir discuté avec les différents acteurs, nous avons réalisé que le plus grand problème était l’obtention de financement. Nous avons donc adapté le projet », relate Mme Guy.
Les investisseurs avaient de l’argent pour financer l’entrepreneuriat social, mais les entreprises à vocation sociale ne remplissaient pas les critères pour l’obtenir. Mme Guy et son équipe ont donc créé StartED, une plateforme en ligne qui renseigne les chefs d’entreprise à vocation sociale sur les attentes des investisseurs.
« Nous avons discuté avec de nombreux chefs d’entreprise à vocation sociale dans divers secteurs. Les défis rencontrés variaient, à l’exception d’un seul : le financement. Nous avons constaté un décalage bien malheureux. Nous avons donc créé un outil qui aiderait les propriétaires d’entreprise à comprendre ce que les investisseurs recherchent. »
Mme Guy estime que toutes les parties concernées y gagnent. En ayant une meilleure connaissance de ce qui est attendu d’elles, les entreprises à vocation sociale ont plus de facilité à obtenir du financement. Par conséquent, les investisseurs ont également plus de choix.
« Si deux entreprises à vocation sociale se qualifient, mais que ni l’une ni l’autre ne répond aux besoins de l’investisseur, aucune ne sera choisie. En revanche, s’il y en a vingt et que la moitié d’entre elles répondent à ses besoins, un plus grand nombre obtiendra du financement. On peut ainsi résoudre plus de problèmes sociaux. »
Favoriser le compostage responsable
Adam Livshits souhaitait relever un défi important en matière de gestion des déchets. La Ville de Montréal a pour objectif de ne plus produire de déchets d’ici 2030, et l’ensemble des ménages et des entreprises devront composter d’ici 2025. Pourtant, si beaucoup pensent que nos systèmes de compostage fonctionnent bien, ils présentent des problèmes que nous devons résoudre. La contamination en est un.
« Les gens ont l’habitude de jeter des choses et de ne plus y penser, mais il y a tellement d’étapes en aval », explique M. Livshits.
Les règles varient d’une ville à l’autre, et, au Canada, on recense une seule installation de compostage qui accepte tous les types de produits compostables.
« Nous avons constatĂ© que la contamination posait problème et avons commencĂ© Ă rĂ©flĂ©chir Ă des solutions. Nous avons menĂ© un sondage auprès de la population Ă©tudiante, et il s’est avĂ©rĂ© que les gens connaissaient très peu les systèmes de traitement des dĂ©chets de l’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ. »
L’équipe a donc crĂ©Ă© des affiches pour les sensibiliser. Un sondage subsĂ©quent a rĂ©vĂ©lĂ© que les gens trouvaient les affiches utiles pour bien choisir oĂą jeter un dĂ©chet. Elles indiquent ce qui peut ĂŞtre compostĂ© et comprennent un code QR vers la page officielle de l’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ sur le tri des dĂ©chets.
« Nous espérons encourager la réflexion et la mobilisation à l’égard du traitement des déchets compostables sur le campus », explique M. Livshits.
« Nous avons discuté avec de nombreux acteurs du développement durable et du compostage, et avons dû faire preuve de diligence pour comprendre le problème. Dans le cadre d’un travail en classe, on peut considérer certains éléments comme étant des facteurs externes sur lesquels on n’a aucun pouvoir. Par contre, lorsqu’on réalise un projet concret, il faut tenir compte de tous les éléments. »
L’aspect concret du programme IMSF a également plu à Mme Guy.
Elle ajoute : « L’expérience était très similaire à celle d’un stage. Les ateliers misaient sur la pratique et le fait d’apprendre auprès de spécialistes rendait le tout très concret. »
« Lors des consultations, nous avons eu des discussions approfondies avec les gens de la collectivité, ce qui m’a permis de me sentir en phase avec Montréal. Même si le programme présentait certains défis, le fait d’avoir accès à un membre du corps professoral dévoué nous a vraiment aidés à rester sur la bonne voie. Il y avait toujours quelqu’un pour nous encourager quand nous en avions besoin. »
Photo : La cohorte de 2023, aux côtés de Yolande Chan, doyenne de la Faculté de gestion Desautels, et de Sabine Dhir, directrice du programme IMSF (rangée du bas, au centre).