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Dr. Amna Al-Harrasi et les soins palliatifs, de ƽÌØÎå²»ÖРà Oman!

Dr. Amna Al-Harrasi et les soins palliatifs, de ƽÌØÎå²»ÖРà Oman!

Quand on pense à Oman, on pense souvent à la chaleur, au soleil, au désert du Moyen-Orient et au pétrole. Si on en sait un peu plus, on sait que c'est un sultanat, une monarchie absolue qui n'a entamé un processus de modernisation qu'en 1970. Mais ce qui a été accompli en si peu de temps est tout simplement incroyable, et Amna Al-Harrasi, médecin de famille et de soins palliatifs, est à l'avant-garde de ce changement.

La Dre Al-Harrasi a récemment terminé une résidence en soins palliatifs à ƽÌØÎå²»ÖÐ et, grâce aux compétences qu'elle a acquises, a décidé de mettre sur pied la toute première équipe de soins palliatifs du pays. Son équipe est située au sein du Sultan Qaboos Comprehensive Cancer Care and Research Centre. Très novateur, ce centre propose des cours de yoga, d'acupuncture et autres approches alternatives pour le traitement du cancer.

J'ai interviewé la Dre Al-Harrasi sur Zoom avec ses rideaux bien fermés pour empêcher le soleil de janvier d'entrer. Elle m'a dit que c'était leur « saison froide ». J'ai ri en pensant à nos températures de moins 25˚ et à un blizzard imminent. Bien que cela ne fasse qu'un an qu'elle ait terminé son programme, elle a clairement oublié à quoi ressemblent les hivers canadiens!

Ce qui m'a le plus frappé, c'est la rapidité, l'engagement et la considération avec lesquels la Dre Al-Harrasi a mis sur pied ce programme. Elle a clairement intégré de nombreux aspects de la prise en charge globale de la personne, comprenant que les patients sont des personnes ayant des besoins émotionnels et spirituels qui ne sont pas distincts de leurs besoins médicaux. Elle a formé son équipe avec cette même approche et a réussi à créer des relations significatives et de confiance avec les oncologues avec lesquels elle travaille. Elle dit que beaucoup ont commencé à intégrer son approche et la pensée palliative dans leur pratique, et que leurs patients lui demandent conseil.

La Dre Al-Harrasi est diplômée de l'Université Sultan Qaboos (vous remarquerez que le nom de Sa Majesté revient sans cesse car il est le principal financeur et source de changement à Oman), où elle a fait une résidence postuniversitaire en médecine familiale. Elle s'est ensuite rendue à l'Université ƽÌØÎå²»ÖÐ pour y faire une résidence en soins palliatifs et une année supplémentaire dans le cadre d'une bourse de recherche sur la douleur liée au cancer.

J'étais curieuse de savoir ce qui avait motivé la Dre Al-Harrasi à introduire les soins palliatifs à Oman. Elle m'a dit que les soins palliatifs n'existaient pas à Oman et que lorsqu'elle a commencé sa pratique en tant que médecin de famille dans un centre de santé rural (l’équivalent d’un CLSC au Québec), il y avait énormément de patients qui venaient les voir dans des états désespérés, mais ils n'avaient aucune formation ou connaissance sur la façon de les aider. Elle m’a confié qu’un homme âgé qui vivait seul sans soutien familial l'a particulièrement marquée. Il se présentait sans cesse à sa clinique avec différents maux pour lesquels ils ne pouvaient pas l'aider. Il est devenu profondément démoralisé, déprimé, et souffrait visiblement. Dre Al-Harrasi a cherché des conseils et a commencé à lire sur la façon d'aider les personnes en fin de vie. Elle m’a raconté que sa clinique a commencé par de petits gestes, comme d’organiser le transport de cet homme à l'hôpital, de s'assurer qu'il mangeait trois repas par jour, et même de lui trouver quelqu'un pour nettoyer sa maison. Elle m’a dit : « Nous ne savions pas ce que nous faisions, mais nous avons essayé de l'aider socialement. Nous avons constaté que lorsqu'il revenait, il était plus interactif et sentait qu'on s'occupait de lui. »

Après que la Dre Al-Harrasi ait appelé plusieurs fois l'un des oncologues d'une autre ville au sujet de patients se trouvant dans un état similaire, l’oncologue lui a demandé si elle serait intéressée à participer à une conférence sur les soins palliatifs. Comme beaucoup, la Dre Al-Harrasi a dit : « Qu'est-ce que c'est ? »

C'est ainsi qu'a commencé son parcours : elle a assisté à la conférence et a su que c'était ce qu'elle voulait faire, ce qui l'a conduite à ƽÌØÎå²»ÖÐ pour faire une résidence en soins palliatifs.

Durant son passage à ƽÌØÎå²»ÖÐ, la Dre Al-Harrasi dit avoir appris énormément de choses en très peu de temps : « Chaque jour, c'était comme si j'apprenais par "osmose" – tout entrait dans ma tête. » Ne connaissant personne à Montréal, elle et ses deux jeunes enfants ont dû faire face à un énorme changement culturel, alors que son mari faisait sa résidence en Alberta, à l'autre bout du pays. Tout cela en pleine pandémie! Lorsque ses enfants ne pouvaient pas aller à la garderie, elle devait suivre ses cours en ligne et ne pouvait pas s'occuper de patients en personne. Mais grâce à la compréhension culturelle des femmes qui travaillent et à l'incroyable chaleur et soutien de ses superviseurs et de ses collègues, le temps a filé et sa résidence à ƽÌØÎå²»ÖÐ a changé sa vie.

De retour à Oman, il y a bien sûr des différences culturelles qui, selon la Dre Al-Harrasi, doivent être surmontées. Mais alors que nous avons des études florissantes sur le cannabis pour la gestion de la douleur (le cannabis est illégal à Oman), par exemple, ou de nouveaux tournants vers les psychédéliques, après avoir parlé avec elle pendant un certain temps, je n'étais pas convaincue que nos cultures étaient si éloignées dans notre pratique de la médecine palliative. Elle m'a parlé d'un médecin qui insistait pour qu'un patient en phase terminale soit admis aux soins intensifs et qu'on lui insère des tubes – ce qui, bien sûr, se produit malheureusement aussi au Canada. Le plus grand défi, selon la Dre Al-Harrasi, est l'éducation, à la fois des autres médecins, mais aussi des familles qui ont l'impression de laisser tomber leurs proches si elles ne « prennent pas toutes les mesures nécessaires. » C'est bien entendu un problème auquel nous sommes confrontés ici aussi. « Mais j'ai trouvé un moyen de négocier avec eux. Je leur dis: Je sais que vous êtes plein d'espoir, mais que se passerait-il si ce patient était votre parent? Mettez-vous à leur place ; aimeriez-vous finir de cette façon? »

Malgré les obstacles, la Dre Al-Harrasi est optimiste quant à l'évolution des soins palliatifs à Oman, et elle progresse à toute allure. Son engagement à soulager la souffrance, sa compassion et son approche nuancée ont attiré l'attention de nombreux collègues, curieux d'en savoir plus.

À la fin de notre conversation, la Dre Al-Harrasi se tourne vers ses patients et me dit que ce sont eux qui la guident le plus et que l'écoute est sa priorité. Elle dit qu'elle sait qu'elle réalisera les changements nécessaires parce que ses patients lui disent sans cesse qu'ils veulent être chez eux, qu'ils veulent être avec leur famille, qu'ils veulent voir le ciel, le soleil et leurs jardins. Alors que je vois le soleil qui passe à travers sa fenêtre par-dessus son épaule, je réalise que c'est ce que nous voulons tous.

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