Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ

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Observer les habitudes alimentaires par quartier

Des chercheurs utilisent les données enregistrées à la caisse de supermarchés de certains quartiers afin d’améliorer les habitudes alimentaires
±ĘłÜ˛ú±ôľ±Ă©: 11 March 2014

De piètres choix alimentaires, comme la consommation excessive de boissons gazeuses, constituent d’importants facteurs Ă  l’origine de l’épidĂ©mie mondiale d’obĂ©sitĂ© et ont Ă©tĂ© liĂ©s directement au diabète et aux maladies cardiaques. Si les organismes de santĂ© publique s’emploient Ă  aider les populations Ă  faire des choix plus sains, l’évaluation de l’efficacitĂ© de ces efforts est coĂ»teuse et laborieuse. Toutefois, David Buckeridge, de l’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ, a mis au point une mĂ©thode permettant aux organismes de santĂ© d’effectuer le suivi des choix alimentaires des consommateurs, quartier par quartier. Cette approche novatrice, qui repose sur les mĂŞmes donnĂ©es numĂ©riques utilisĂ©es par les spĂ©cialistes en marketing pour promouvoir les produits alimentaires, pourrait ouvrir la voie Ă  une meilleure surveillance des habitudes des consommateurs et contribuer Ă  mieux cibler les efforts visant Ă  encourager l’adoption d’un rĂ©gime alimentaire plus sain.

« Nous avons utilisĂ© les donnĂ©es que la plupart des supermarchĂ©s et des dĂ©panneurs obtiennent Ă  l’aide de numĂ©riseurs Ă  balayage servant Ă  reconnaĂ®tre les articles Ă  la caisse. Les entreprises utilisent notamment ces donnĂ©es afin d’obtenir de l’information commerciale, prĂ©cise David Buckeridge, mĂ©decin de santĂ© publique et professeur agrĂ©gĂ© au DĂ©partement d’épidĂ©miologie, de biostatistique et de santĂ© au travail de la FacultĂ© de mĂ©decine de Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ. Nous avons conçu une façon d’utiliser ces donnĂ©es dans le cadre d’une initiative de santĂ© publique positive : la surveillance systĂ©matique des habitudes alimentaires au fil du temps dans certains secteurs d’une mĂŞme ville afin d’identifier les populations qui consomment des aliments susceptibles d’être nĂ©fastes pour la santĂ©. »

Le professeur Buckeridge, qui est membre du Centre Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ de convergence de la santĂ© et de l’économie, et ses collaborateurs ont calculĂ© les achats mensuels de boissons gazeuses dans certains quartiers Ă  l’aide des donnĂ©es numĂ©riques recueillies par les numĂ©riseurs d’épiceries et de dĂ©panneurs Ă  MontrĂ©al, au Canada, entre 2008 et 2010, puis ont comparĂ© les rĂ©sultats obtenus avec les donnĂ©es du recensement dĂ©crivant en dĂ©tail les caractĂ©ristiques socioĂ©conomiques de ces mĂŞmes quartiers. Cette mĂ©thode permet au professeur Buckeridge d’isoler et de mesurer tous les choix alimentaires, qu’il s’agisse d’aliments transformĂ©s, Ă  forte teneur en sel ou riches en gras saturĂ©s.

« Nous collaborons avec les organismes de santĂ© publique afin de dĂ©terminer comment les mĂ©thodes que nous avons conçues peuvent ĂŞtre utilisĂ©es pour rĂ©aliser le suivi des aliments consommĂ©s dans un quartier, et permettre d’élaborer des stratĂ©gies favorisant l’adoption de rĂ©gimes alimentaires plus sains. Les donnĂ©es dont nous disposons indiquent clairement que la promotion de saines habitudes alimentaires contribue Ă  prĂ©venir les problèmes de santĂ©, Ă  en diminuer la frĂ©quence, Ă  amĂ©liorer la qualitĂ© de vie et Ă  rĂ©duire les coĂ»ts liĂ©s aux soins de santĂ©, affirme le professeur Buckeridge, qui Ĺ“uvre Ă©galement chercheur Ă  l’Institut de recherche du Centre universitaire de santĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ (IR-CUSM). Nous savons que les facteurs biologiques, gĂ©ographiques, environnementaux, Ă©conomiques et sociaux ont une incidence sur les aliments que les gens consomment. La surveillance et l’analyse de ces facteurs sont essentielles pour orienter les efforts visant Ă  promouvoir une saine alimentation et la prĂ©vention de maladies chroniques, comme le diabète, les maladies cardiaques et le cancer. »

« Pour chaque diminution de 10 000 $ du revenu personnel médian, nous avons remarqué que les ventes mensuelles de boissons gazeuses quintuplaient, précise le professeur Buckeridge. Selon ces données, les achats de boissons gazeuses semblent beaucoup plus importants dans les quartiers où les familles disposent d’un plus faible revenu que dans ceux où les gens sont plus aisés. » Bien que le lien entre la consommation d’aliments et les facteurs socioéconomiques puisse sembler évident, les paramètres mesurés par le professeur Buckeridge permettent d’obtenir des mesures exactes au fil du temps, lesquelles constituent la pierre angulaire de l’amélioration de la santé à l’échelle mondiale.

On pourrait recourir à la même approche afin de recueillir des données sur les repas achetés au restaurant et de mesurer la consommation totale de constituants alimentaires – comme le sel et le sucre –, dans certains quartiers, deux sujets auxquels s’intéresse maintenant l’équipe du professeur Buckeridge. « L’utilisation de données numériques pourrait nous permettre d’observer au fil du temps des populations ciblées qu’il nous était auparavant impossible d’étudier, précise-t-il. Cette approche nous donne accès à une multitude d’applications de recherche directement liées à l’amélioration de la santé des populations. »

Les résultats de ces travaux ont été publiés dans la revue scientifique Annals of the New York Academy of Sciences.

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