Les chercheurs du CUSM retiennent l’approche de l’action positive alors qu’ils tentent de cerner la cause fondamentale de la douleur sexuelle, chez l’homme
Bien que nous ayons fait de considérables progrès sur le plan de la compréhension et du traitement de la douleur pelvienne chez la femme, notre connaissance de la douleur pelvienne chez l’homme accuse un très net retard. Alors que l’on considérait jadis qu’il s’agissait d’un « trouble féminin », le syndrome de la douleur pelvienne chronique (SDPC) ainsi que la dysfonction sexuelle qui lui est associée peuvent en fait, si l’on s’en juge par les plus récents travaux de recherche, toucher de 5 % à 15 % des hommes, à l’échelle mondiale.
Dans le but de venir en aide aux hommes présentant un SDPC, les chercheurs et les cliniciens du CUSM ont mis sur pied une clinique multidisciplinaire sur le thème de la douleur sexuelle, destinée aux hommes. On s’attend à ce que cette collaboration novatrice mettant en cause des urologues, des psychologues et des physiothérapeutes permette d’élaborer de nouvelles stratégies en vue de l’évaluation et du traitement de la douleur liée au SDPC et de la dysfonction sexuelle.
Mise en perspective du rôle de la prostate
Jusqu’à récemment, les urologues constituaient la seule ressource à laquelle pouvaient s’adresser les hommes présentant un SDPC. En prenant pour hypothèse que les douleurs ressenties dans la région pelvienne devaient être imputables à une infection et à une inflammation de la prostate, les professionnels de la santé posaient, à l’endroit de toute douleur pelvienne chez l’homme pour laquelle on ne pouvait trouver de cause spécifique, un diagnostic de prostatite, un trouble « passe-partout ». Cependant, dans 90 % des cas signalés, la prostate du patient semblait être saine.
« C’est le parallèle avec la situation qui prévalait chez la femme qui m’a frappé », de dire le principal chercheur et clinicien de la clinique, le Dr Irv Binik, directeur du service de thérapie sexuelle et de couple du CUSM et professeur de psychologie à l’Université ƽÌØÎå²»ÖÐ. « Par le passé, comme les professionnels de la santé n’étaient pas en mesure de traiter la douleur pelvienne, ils avaient tendance à faire comme si celle-ci n’existait pas. De nos jours, personne n’aime traiter ces hommes au même titre qu’il y a quelques années, personne n’aimait traiter ces femmes. Pourquoi? Parce qu’il n’existe aucun traitement simple et évident. Le fait d’aborder ce problème selon une approche multidisciplinaire constitue une stratégie tout à fait positive dont il a déjà été démontré, sur le plan thérapeutique, qu’elle était utile pour les femmes souffrant de douleurs génitale et pelvienne. »
Gestion de la douleur chronique et des rapports entre les hommes et les femmes
Pour plusieurs hommes qui présentent un SDPC, la douleur peut atténuer considérablement la qualité de vie. Si elle se situe souvent au niveau du périnée, des testicules ou du pénis, la douleur peut également irradier dans le bas du ventre, le haut des jambes, voire le bas du dos. Cette douleur peut ou non être associée à l’activité sexuelle et elle peut contrecarrer les activités les plus fondamentales au rang desquelles figurent les relations sexuelles, la pratique d’un sport ou le travail.
Cette situation est particulièrement regrettable du fait que la plupart des hommes présentant un SDPC sont de jeunes hommes actifs qui sont le plus souvent dans la trentaine et la quarantaine. En fait, le SDPC constitue la raison la plus courante pour laquelle les hommes âgés de moins de 50 ans consultent un urologue. Pour ces patients, la douleur et la dysfonction sexuelle qui lui est associée peuvent provoquer de graves difficultés psychosociales, puisqu’ils sont plus susceptibles que des hommes plus âgés de vivre en couple ou de tenter d’établir des rapports avec une autre personne. D’ajouter le Dr Binik : « Pour les hommes qui présentent un SDPC, le simple fait de craindre d’éprouver de la douleur durant les relations sexuelles peut avoir des répercussions sur les liens qu’ils entretiennent avec leur partenaire ainsi que sur leur fonctionnement, sur le plan sexuel. Il peut s’agit d’un authentique problème auquel nous avons cependant entrepris de nous intéresser. »
Cette clinique multidisciplinaire aura une mission tant sur les plan clinique que de la recherche. Les patients qui fréquenteront cette clinique seront également invités à participer à des travaux de recherche dont on s’attend à ce qu’ils mènent à l’élaboration de nouvelles stratégies en vue de l’évaluation et du traitement des douleurs liées au SDPC et à la dysfonction sexuelle.
Tout patient qui souhaite en apprendre plus sur la question de la douleur sexuelle chez l’homme, qui souhaite se rendre à la clinique ou participer à cette étude doit se mettre en rapport avec la personne suivante :
Caroline Maykut, coordonnatrice de la rechercheÂ
514-398-5323Ìý
caroline [at] ego.psych.mcgill.ca