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La mémoire neuronale, la clé pour apprivoiser la douleur chronique

±Ê³Ü²ú±ô¾±Ã©: 13 February 2012

Une étude indique que la suppression de souvenirs neuronaux
pourrait contribuer à maîtriser la douleur persistante

Pour certains, la douleur est si accablante qu’ils ne peuvent tolérer le contact d’un vêtement sur la peau. Pour d’autres, chaque pas est un choix délibéré et douloureux. Qu’elle soit causée par des articulations arthritiques, une blessure à un nerf ou une maladie comme la fibromyalgie, une nouvelle étude révèle que des solutions pourraient s’offrir aux personnes souffrant de douleur chronique.

Sous la direction du neuroscientifique mcgillois Terence Coderre, une équipe de chercheurs a découvert la clé permettant de comprendre comment les souvenirs de douleur sont emmagasinés dans le cerveau. Par ailleurs, les chercheurs peuvent proposer des pistes de solution quant à la suppression de tels souvenirs, ce qui réduirait la douleur chronique.

On sait depuis longtemps que le système nerveux central se souvient d’expériences douloureuses, lesquelles laissent une trace mnésique de douleur. Et lorsque surgit une nouvelle stimulation  sensorielle, la trace mnésique de douleur présente dans le cerveau amplifie cette  sensation, à un point tel qu’une douce caresse peut devenir insoutenable.

« Le meilleur exemple de trace mnésique de douleur est peut-être celui du membre fantôme », a déclaré le professeur Coderre, qui est aussi attaché à l’Institut de recherche du Centre universitaire de Santé ƽÌØÎå²»ÖÐ. « Mentionnons par exemple le cas d’un patient atteint de gangrène et dont le membre nécrosé est amputé. Si ce dernier était douloureux avant l’amputation, il arrive que la douleur persiste une fois l’intervention terminée. Un tel cas s’explique ainsi : le cerveau se souvient de la douleur. Il existe d’ailleurs des preuves soutenant que toute douleur qui se prolonge pendant plus de quelques minutes laisse une trace dans le système nerveux. » Présente au niveau neuronal, cette mémoire de la douleur est cruciale au développement de la douleur chronique. Toutefois, jusqu’à maintenant, on ne savait pas comment ces souvenirs de douleur étaient emmagasinés dans les neurones.

De récents travaux ont permis de démontrer que la protéine Kinase M zéta joue un rôle essentiel dans la construction et le maintien de la mémoire, en renforçant les connexions neuronales. Le professeur  Coderre et ses collègues ont prouvé que la protéine Kinase M zéta est également la clé pour comprendre comment la douleur est emmagasinée dans les neurones. Les chercheurs ont pu démontrer qu’après une stimulation douloureuse, le niveau de protéine Kinase M zéta augmente de manière persistante dans le système nerveux central.

Plus important encore, les chercheurs ont découvert qu’en bloquant l’activité de la protéine Kinase M zéta au niveau neuronal, ils pouvaient inverser l’hypersensibilité à la douleur développée par les neurones après qu’on ait irrité l’épiderme en y appliquant de la capsaïcine – l’ingrédient actif du piment fort. Ils ont par ailleurs constaté que la suppression de cette trace mnésique de douleur réduit la douleur persistante et l’hypersensibilité  au toucher.

En tablant sur ces travaux quant à l’élaboration de méthodes de ciblage de la protéine Kinase M zéta dans les trajectoires de la douleur, le professeur Coderre et ses collègues croient qu’ils pourraient obtenir de précieuses données destinées au traitement de personnes atteintes de douleur chronique. « Un grand nombre de médicaments ciblent la douleur au niveau des membres inférieurs et supérieurs, en réduisant l’inflammation ou en activant les systèmes analgésiques cérébraux pour réduire la sensation de douleur », a déclaré Terence Coderre. « C’est la première fois que nous pouvons entrevoir des médicaments qui cibleront une trace mnésique de douleur comme moyen de réduire l’hypersensibilité à la douleur. Nous croyons qu’il s’agit d’une avenue qui pourrait offrir un nouvel espoir à ceux qui souffrent de douleur chronique.»
On peut lire l’article complet à :
Parmi les chercheurs qui ont contribué à cette étude, signalons André Laferrière, Mark H. Pitcher, Anne Haldane, Yue Huang, Virginia Cornea, Naresh Kumar, Fernando Cervero (tous du Centre de recherche sur la douleur Alan-Edwards de ƽÌØÎå²»ÖÐ) et le coauteur Todd C. Sacktor (Centre médical Downstate de l’Université d’État de New York).

Les travaux ont été financés par les Instituts de recherche en santé du Canada, la Fondation Louise et Alan Edwards, les Instituts de santé des États-Unis et la bourse AstraZeneca/Centre de recherche sur la douleur Alan-Edwards de ƽÌØÎå²»ÖÐ.

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