Deux prestigieuses bourses Guggenheim octroyées à des professeurs mcgillois qui mettent au défi des convictions bien ancrées
L’un questionne les interprĂ©tations traditionnelles de la fin de la Guerre froide,Ěýl’autre rĂ©fute les opinions qui prĂ©valent au sujet des Chinoises de l’ère prĂ©moderne par l’analyse d’œuvres littĂ©raires
Les professeurs mcgillois Lorenz M. Lüthi et Grace Fong figurent parmi les lauréats 2011 de prestigieuses bourses octroyées récemment par la Fondation commémorative John Simon Guggenheim. Ces bourses sont décernées à un groupe diversifié composé d’universitaires, d’artistes et de scientifiques, sur la base de leurs réalisations passées et de leur potentiel exceptionnel. Les 180 lauréats de cette année ont été sélectionnés à partir d’un groupe de près de 3 000 candidats.
Le professeur Lorenz Lüthi réfute les interprétations traditionnelles des facteurs qui ont vraiment influencé la fin de la guerre froide.
Les historiens ont presque unanimement associĂ© la fin de la guerre froide avec la chute des rĂ©gimes communistes en Europe de l’Est, en 1989. Le professeur d’histoire et d’études classiques de l’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ, Lorenz LĂĽthi, estime qu’il s’agit d’une interprĂ©tation trop Ă©troite et eurocentrique. L’auteur de l’ouvrage The Sino-Soviet Split affirme plutĂ´t que les Ă©vĂ©nements qui ont eu lieu en Asie de l’Est au cours des annĂ©es 1960 ont dĂ©clenchĂ© les dĂ©veloppements en Europe et, dans une moindre mesure, au Moyen-Orient, ou qu’ils en ont Ă tout le moins dĂ©terminĂ© le moment. Il soutient Ă©galement que la guerre froide a pris fin en Asie de l’Est et au Moyen-Orient pendant la pĂ©riode couvrant les annĂ©es 1979 Ă 1983, moment oĂą les structures de l’après-guerre froide ont Ă©tĂ© mises en place en Europe. Alors que les interprĂ©tations historiques traditionnelles prĂ©sentent la fin de la guerre froide comme un Ă©vĂ©nement bref et dĂ©cisif, monsieur LĂĽthi soutient qu’il s’agissait plutĂ´t d’un processus lent, long et compliquĂ©, arguant que cette guerre n’a pas pris naissance en Europe, mais bien en Asie de l’Est, Ă partir de 1960, soit au moment de la rĂ©intĂ©gration graduelle de la Chine dans le monde.
Selon le professeur Lüthi, les réflexions historiques sur la guerre froide se sont trop concentrées sur les nations participantes et ont échoué dans l’examen des acteurs non gouvernementaux. Bien qu’il ne nie pas la part des pays, il est convaincu que les idées et leurs diffuseurs non gouvernementaux ont structuré les événements en Europe de l’Est et au Moyen-Orient, au cours des années 1970, dans une mesure largement supérieure à celle qu’on leur a attribuée par le passé.
En expliquant comment il en est arrivé à cette déduction, monsieur Lüthi a déclaré : « Au cours des derniers mois, je me suis rendu à Berlin pour effectuer mes travaux de recherche. J’étais un peu anxieux de savoir comment je pourrais continuer et terminer mon ouvrage, lorsque, la semaine dernière, j’ai reçu un courriel de la Fondation Guggenheim m’annonçant la décision. Toutes mes appréhensions se sont alors instantanément dissipées. Je suis ensuite parti travailler aux archives est-allemandes en marchant d’un pas plus léger. Cette bourse me permet de terminer mon imposant ouvrage d’interprétation de la seconde moitié de la guerre froide. »
Pour lire davantage sur le professeur Lorenz M. Lüthi et ses travaux :
/history/faculty/faculty/luthi/
La professeure Grace Fong a consacré plus d’une décennie à récupérer le riche répertoire de documents égarés depuis longtemps et négligés, rédigés par des Chinoises à l’époque dynastique, et à les dévoiler au milieu universitaire ainsi qu’au grand public.
Jusqu’à relativement récemment, les Chinoises de l’ère prémoderne étaient considérées comme illettrées, passives et dépendantes de leur père, leur mari et leurs fils. Ce tableau, selon lequel les femmes étaient souvent transformées en un symbole de la tendance rétrograde chinoise, a été brossé par des nationalistes et des révolutionnaires qui tentaient de rétablir la position de la Chine dans le monde, devant l’impérialisme occidental et l’effondrement social, politique et moral caractéristique du tournant du 20e siècle. Inspiré par les développements occidentaux en analyse féministe qui redonnaient aux femmes un rôle actif en histoire et en littérature, la professeure du Département d’études est-asiatiques Grace Fong a mis ce tableau au défi et réévalué la position et les contributions des Chinoises de l’ère prémoderne. À l’issue d’une recherche approfondie, elle a mis au jour une culture littéraire féminine éminemment vibrante dont l’existence avait été presque oubliée par les collections littéraires qui ont survécu dans les salles de livres rares de la Chine et de l’Occident. Ces découvertes l’ont conduite à créer la base de données des œuvres littéraires féminines des dynasties Ming et Qing, et à publier la première étude monographique rédigée dans une langue occidentale sur l’écriture et le rôle de ces femmes, Herself an Author: Gender, Agency, and Writing in Late Imperial China (2008).
Madame Fong a expliqué en ces termes comment la bourse profitera à ses travaux : « Je suis extrêmement honorée de recevoir cette bourse prestigieuse en reconnaissance de mes travaux sur les réalisations littéraires et la signification historique de ces femmes remarquables. Cela me permettra de mener à terme mon projet sur la manière dont les vies de ces Chinoises sont relatées dans leurs propres mots et dans ceux d’autres personnes qui ont encadré leurs écrits ».
Pour lire davantage sur la professeure Grace Fong et ses travaux :
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FondĂ©e Ă MontrĂ©al, au QuĂ©bec, en 1821, l’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ se classe comme chef de file parmi les universitĂ©s canadiennes. Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ compte deux campus, 11 facultĂ©s, 11 Ă©coles professionnelles, 300 programmes d’études et au-delĂ de 36 000 Ă©tudiants, dont 8 300 aux cycles supĂ©rieurs, originaires de plus de 150 pays. L’UniversitĂ© accueille au-delĂ de 7 200 Ă©tudiants Ă©trangers, qui composent près de 20 pour cent de sa population Ă©tudiante. Près de la moitiĂ© de ses Ă©tudiants ont une langue maternelle autre que l’anglais – dont 6 200 francophones.
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