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Recherche et savoir traditionnel réunis sur le terrain

Contraints d’annuler leur voyage au Panama en raison de la pandémie, les étudiants d’un cours en environnement se sont alliés à une communauté autochtone du Québec

L’adaptation des cours sur le terrain en temps de pandémie n’est pas une mince affaire. Daviken Studnicki-Gizbert, professeur agrégé au Département d’histoire et d’études classiques et membre associé de l’École de l’environnement Bieler, en a fait l’expérience lorsque la session d’études sur le terrain au Panama qu’il coordonne a été subitement annulée à cause de la vague Omicron l’hiver dernier.

Depuis 2010, Daviken Studnicki-Gizbert fait partie de l’équipe d’enseignants de ce programme d’une session au Panama. Parallèlement à ses activités d’enseignement, il travaille avec le Conseil de la Nation Atikamekw, au Québec, pour l’élaboration d’un cours d’histoire de niveau secondaire. Cette collaboration a fait germer une idée dans son esprit.

Déterminé à offrir aux étudiants une expérience sur le terrain, le chercheur a communiqué avec son collègue Christian Coocoo. La famille de ce dernier travaille, en collaboration avec le Conseil de la Nation Atikamekw, à la création d’une aire protégée appelée Masko Cimakanic Aski, près de Wemotaci, dans le Nitaskinan. Située dans la vallée du Saint-Maurice, au Québec, cette aire est à environ six heures de route de Montréal.

À la fin du XIXe siècle, Wemotaci était un centre névralgique de la récolte du bois au Québec. Aujourd’hui, les Atikamekw souhaitent se doter d’outils, comme une formation à l’intention des cartographes autochtones et un logiciel de cartographie, pour faciliter la gestion de leurs terres ancestrales.

Solidarité et collaboration, les pierres angulaires du travail de terrain

Au dĂ©but du mois de mars, Daviken Studnicki-Gizbert et ses Ă©tudiants du cours ENVR 480 offert par l’École de l’environnement Bieler se sont dirigĂ©s vers le nord pour passer une semaine Ă  Wemotaci. La semaine suivante, l’inverse s’est produit : des membres du Conseil de la Nation Atikamekw et de son Bureau de gestion du territoire sont venus Ă  MontrĂ©al, oĂą ils ont explorĂ© les ressources technologiques du Centre d’information gĂ©ographique de Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ. Comme au Panama, cette expĂ©rience a permis aux Ă©tudiants de collaborer avec des groupes de l’endroit.

« Le cours s’articule autour de l’enseignement et de l’apprentissage sur le terrain, explique Daviken Studnicki-Gizbert. Les étudiants travaillent avec des organismes communautaires et mènent des recherches dont ces organismes ont véritablement besoin. »

Students in the snow

Selon Sakik Kistabich Coocoo, agent de consultation du territoire pour le Bureau de gestion du territoire, la capacité de cartographier les changements survenus sur le territoire est précieuse pour la nation Atikamekw, qui pourra ainsi s’assurer que la faune et la flore de ses terres sont bien gérées.

Pour sa part, Hugues Ottawa, agent de consultation du territoire pour le , souligne que les drones et les logiciels se sont révélés d’excellents compléments aux compétences et aux connaissances qu’il a acquises dans le secteur forestier.

David Boivin, qui travaille également comme agent de consultation pour le Conseil des Atikamekw de Wemotaci, trouve que son passage au Centre d’information géographique a été formateur. « Grâce à la technologie et aux logiciels d’aujourd’hui, j’ai pu parfaire mes connaissances », précise-t-il.

Un cadre multilingue

Les programmes d’études sur le terrain peuvent offrir aux étudiants la possibilité de faire de la recherche dans un cadre multilingue.

Pour Molly French, étudiante de troisième année à l’École de l’environnement Bieler, la barrière linguistique représentait un défi.

« Je viens de Chicago indique-t-elle. Nous avons passé une semaine sur le territoire atikamekw, et j’étais la seule de l’équipe qui ne parlait pas français. Malgré tout, c’est incroyable l’information qu’on peut obtenir simplement en observant le langage corporel et le rythme d’une conversation. Je peux comprendre ce qui se passe même si je ne comprends pas la langue. »

Comme elle était la cartographe de l’équipe, Molly a décidé de cartographier les cycles de récolte du bois sur le territoire de la famille Coocoo. Grâce à sa mineure en systèmes d’information géographique (la cartographie moderne), elle a pu recréer certaines parties du paysage de Wemotaci à l’aide de l’information contenue dans des documents historiques, des cartes archivées et des images satellitaires.

Archived maps on a computer

Pendant ses études, Molly a travaillé comme associée de recherche. Ses tâches récentes de direction et de coordination de l’équipe d’étudiants à Montréal et à Wemotaci lui ont donné un aperçu de la direction de recherches sur le terrain.

Recherche universitaire et savoir traditionnel : une combinaison gagnante

Les cartes réalisées par les étudiants, qui montrent l’évolution du paysage au fil du temps, sont précieuses pour les familles atikamekw vivant sur ces terres depuis des générations. Comme l’explique Daviken Studnicki-Gizbert, la combinaison de la recherche universitaire et du savoir traditionnel (les connaissances transmises d’une génération à l’autre au sein de la communauté atikamekw) peut s’avérer très fructueuse.

Snowmobile in the snow

« Nous observons le même territoire sous différents angles, explique Daviken Studnicki-Gizbert. Il y a d’abord la famille Coocoo et sa connaissance du territoire. De nombreuses générations de cette famille ont vécu sur cette terre, et chacune transmet son savoir à la suivante. Ils ont des connaissances très pointues sur leur territoire. »

Magalie Petiquay, consultante et cartographe en formation pour le , a constaté l’effet positif du passage des étudiants et des chercheurs sur les projets de la communauté.

« Nous aimons recevoir des chercheurs et des cartographes qui travaillent sur les cartes anciennes et s’intéressent à l’archéologie [du territoire], dit-elle. Il y a encore toutes sortes d’histoires à découvrir. Tout ce que nous voyons chez nous, nous sommes heureux de vous le montrer. »

Gérald Ottawa, cochercheur et interprète au Secrétariat au territoire du Conseil de la Nation Atikamekw, voit un potentiel de croissance dans cette collaboration. « Cette expérience a des retombées considérables, se réjouit-il. Je trouve important que nos jeunes aient une place, et qu’on leur ouvre des portes. »

Looking at data on a computer

Eléonore Vareille, étudiante de troisième année à l’École de l’environnement Bieler, a travaillé au sein de l’équipe d’écologie : elle a répertorié la flore du territoire Coocoo.

Looking at camera footage

« Je souhaitais vraiment prendre part à une expérience pratique sur le terrain, alors ce cours de recherche était parfait pour moi », souligne Eléonore. En écoutant les aînés atikamekw raconter l’histoire orale du territoire, les étudiants ont pris conscience que le savoir traditionnel était un outil précieux qui leur permettait de mieux comprendre les aspects techniques de leurs recherches. « Cette expérience a été très enrichissante. Je suis vraiment reconnaissante d’avoir fait partie de ce projet. »

Le professeur Studnicki-Gizbert souhaite remercier le et son directeur, Coin Scott, pour leur contribution financière exceptionnelle et généreuse tant au cours qu’au travail du Conseil de la Nation Atikamekw sur l’aire protégée Masko Cimakanic Aski.

Pour en savoir plus :

Renseignements sur la Session d’études sur le terrain au Panama

Les Ă©tudiants au premier cycle de Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ peuvent faire une mineure en systèmes d’information gĂ©ographique et tĂ©lĂ©dĂ©tection Ă  la FacultĂ© des arts ou Ă  la FacultĂ© des sciences.

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