Le 10Ìýjuin, c’est de la rive d’un magnifique lac sis dans la Réserve naturelle Gault de l’Université ƽÌØÎå²»ÖÐ que le premier ministre Justin Trudeau a fait l’annonce d’un plan en vue de bannir du Canada les bouteilles de plastique à remplissage unique d’ici à 2021. Il s’agissait d’une mesure audacieuse, mais compte tenu de la dégradation en cours de l’environnement planétaire, elle était nécessaire.
Le lendemain, dans le hall du Pavillon Trottier, des initiatives en matière de durabilité de l’environnement, tout aussi audacieuses, ont elles aussi retenu l’attention lors de la présentation des nouveaux bénéficiaires du Fonds des idées de l’Initiative systémique sur la durabilité (ISD) de l’Université ƽÌØÎå²»ÖÐ. Du financement a été attribué à 13Ìýprojets, fruits d’initiatives de membres du corps universitaire et d’étudiants.
Le Fonds des idées de l’ISD remet de petits montants de capital d’amorce pour l’exploration d’idées nouvelles qui, si elles se concrétisent, peuvent avoir des répercussions considérables sur un enjeu de durabilité. Ce fonds donne aux bénéficiaires l’occasion d’explorer la faisabilité d’idées avant de consacrer des ressources importantes pour les étoffer, de sorte à mener des projets à une étape où ils peuvent attirer du financement complémentaire.
Lancée à l’automneÌý2017, l’ISD est consacrée à l’établissement d’un réseau de chercheurs aux quatre coins de l’Université qui sillonne les sciences sociales et humaines en passant par les sciences naturelles et le génie, pour formuler des réponses interdisciplinaires à certains des enjeux complexes en matière de durabilité.
Une visite à la foire alimentaire déclenche tout
Nicholas Lin et Sunny Weng figurent parmi les bénéficiaires du Fonds des idées de l’ISD. Ils ont pour projet de concevoir des solutions de rechange entièrement dégradables et axées sur le surcyclage aux sacs de plastique à usage unique. Candidat au doctorat en génie chimique, Nicholas dit que l’inspiration pour ce projet lui est venue dans une foire alimentaire.
«ÌýAu Centre Eaton, Sunny et moi avons aperçu le comptoir Jugo Juice où on pressait des végétaux pour ensuite en jeter la pulpe. Nous avons pensé qu’il s’agissait d’une quantité appréciable de matières éventuellement pratiques mise directement aux rebuts… Pourquoi ne pas s’en servir pour fabriquer des matériaux de construction utiles?Ìý»
L’idée de Nicholas et de Sunny consiste à récupérer les aliments gaspillés pour s’attaquer au problème des sacs de plastique à usage unique, dont la grande majorité n’est pas recyclée. La plupart de ces sacs s’empilent dans des sites d’enfouissement des siècles durant. Nombre des produits de l’industrie alimentaire – comme la pulpe des végétaux de Jugo Juice – sont dégradables, biorenouvelables, non toxiques et comestibles.
Le plan consistait à prendre les pelures de fruits, les épluchures de légume et autres déchets alimentaires et les mélanger à des biopolymères tels que des amidons, des gommes et des extraits d’algue pour concevoir des substituts entièrement dégradables aux sacs de plastique à usage unique.
«ÌýNous nous y sommes mis, tout simplement, et nous avons pensé à fabriquer des briques semblables à des pièces Lego ou des ustensiles. Ce sont des pierres d’assises d’applications, de préciser Nicholas. La pulpe présente une certaine souplesse, de sorte que nous espérons pouvoir la transformer en produit susceptible de remplacer les emballages plastiques par une pellicule plus biodégradable.Ìý»
De la proposition au produit final en passant par la démonstration de faisabilité
Après avoir obtenu leur financement, Nicholas et Sunny sont passés à l’étape suivanteÌý: la démonstration de faisabilité. «ÌýQuels matériaux peut-on combiner en un amalgame synergétique dont la somme est supérieure à chacune des parties?Ìý», de demander Nicholas. «ÌýD’ici à sixÌýmois, nous voulons créer une sélection de combinaisons que nous croyons faciles à travailler, provenant d’une source abondante, durable et facile à mélanger.Ìý»
Nicholas espère passer en moins d’un an du développement de matériaux en laboratoire à des quantités suffisantes pour l’industrie.
«ÌýLe financement de cette nature est extrêmement important. Les efforts que Nicholas a investis dans sa demande étaient étonnants. Et lorsqu’il a obtenu des fonds à l’appui de son idée, son enthousiasme était palpableÌý», de direÌý, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les biocolloïdes et les surfaces et superviseure des deux étudiants.
«ÌýNicholas a vraiment à cÅ“ur de faire progresser ce projet et d’y accorder du temps, en plus de préparer son mémoire.Ìý»
Besoin de solutions créatives
Nicholas et Sunny étaient membres de laÌý de la professeure Tufenkji, expérience qui a servi de catalyseur à leur projet ISD.
«ÌýGrâce à la professeure Tufenkji, nous possédons une compétence fondamentale en découverte, en caractérisation et en quantification de la pollution par les nanoplastiques et les microplastiques. Nous savons qu’elle pose un problème dont nous pouvons quantifier l’ampleur, et nous voulons intervenir. Il s’agit de notre contribution, à Sunny et à moi.Ìý»
Malgré le désastre environnemental que prédisent nombre d’observateurs, la professeure Tufenkji croit que la science peut nous ramener à bon port.
«ÌýIl existe déjà une foule de solutions pour réduire la pollution par le plastique. Il suffit d’exercer les bonnes pressions et de soumettre de bons arguments, comme c’est le cas avec l’interdiction à l’égard des sacs de plastique à usage unique. Je crois que nous progressons dans la bonne direction, surtout au CanadaÌý», ajoute-t-elle.
«ÌýDe fortes sommes ont été investies dans la connaissance des répercussions de la pollution par le plastique, comme dans la réduction de cette dernière et la recherche de solutions de rechange au plastique, surtout celui à usage uniqueÌý», précise la professeure Tufenkji. Il nous faudra des solutions créatives pour s’attaquer aux problèmes soulevés, et c’est pourquoi le soutien d’intervenants de l’ISD tels que Nicholas et Sunny, qui sont déterminé à faire avancer ce type de recherche, revêt autant d’importance.Ìý»
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