Vous croyez que tous les étudiants passent leur semaine de relâche à se prélasser au bord de la piscine en Floride? Eh bien, détrompez-vous : ce n’est pas du tout ce qu’a fait Samantha Pappas en mars dernier.
Cette étudiante à la majeure en littérature anglaise a plutôt choisi de faire du bénévolat pour l’organisme , centre de jour pour sans-abri situé sur l’avenue du Parc.
Samantha avait entendu parler du programme Vivre la semaine de relâche autrement lors d’un atelier du Service de planification de carrière de l’Université ƽÌØÎå²»ÖÐ.
Convaincue qu’il y a plus d’une manière de faire relâche, l’équipe du Bureau de l’éducation en équité sociale et diversité (SEDE) a lancé ce programme en 2013.
Son but : inviter les étudiants – surtout ceux qui, comme Samantha, sont animés d’une conscience sociale – à descendre de leur tour d’ivoire pour s’éveiller aux dures réalités de la vie.
L’épiphanie de Samantha
Cette expérience pourrait fort bien avoir changé la vie de Samantha.
Ainsi, après l’obtention de son diplôme – elle termine sa quatrième et dernière année – elle aimerait « faire du travail communautaire et de la sensibilisation pour la communauté LGBT ».
Comme membre de cette communauté, Samantha se dit « personnellement interpellée » par la situation des jeunes sans-abri qui ont peut-être été rejetés de leur famille ou de la société en raison de leur orientation sexuelle.
Le refuge procure nourriture et vêtements à une clientèle adulte, en plus de répondre à divers autres besoins (service de buanderie, douches, etc.).
Samantha a surtout travaillé comme réceptionniste; elle s’occupait de l’horaire des douches – chaque client dispose de 30 minutes pour se doucher – et distribuait les bons de repas, servis à midi et à 13 h.
« Je crois en l’égalité d’accès aux ressources, je crois que tous devraient manger à leur faim et avoir un toit, et c’est sur ce principe que repose le programme Vivre la semaine de relâche autrement », explique Samantha.
En fait, Samantha a continué à faire du bénévolat à La Porte ouverte après la semaine de relâche.
« J’y vais encore. Je lave les planchers et je nettoie les tables, les napperons, des trucs du genre. »
Bain de culture autochtone
Pour sa part, Cole Malerba, étudiant en histoire et en études hispaniques, a fait du bénévolat auprès de , organisme à but non lucratif de promotion de la culture autochtone qui offre des services de santé, d’éducation et de développement économique à la population autochtone du Grand Montréal.
Cole a suivi un cours de culture autochtone contemporaine à la dernière session, mais s’il a choisi Montréal Autochtone, c’est principalement parce que, dit-il, « j’aime être entouré d’enfants ».
« C’était un camp de jour, quatre heures par jour du lundi au jeudi, et il y avait deux groupes de 15 à 20 enfants : les 5 à 8 ans et les 9 à 12 ans. »
« On a fait des sorties, notamment au Centre des sciences et au Jardin botanique », raconte Cole.
« Au Centre des sciences, les enfants ont été initiés au tir à l’arc et à la pêche », activités qui rapprochaient ces jeunes citadins de leurs ancêtres.
« À une autre occasion, nous allions au Jardin botanique pour faire de la raquette, mais nous avons fini par nous raconter des histoires. Un autre jour, les enfants ont vu une danse du cerceau (une danse traditionnelle de nombreuses tribus autochtones). Ils ont adoré ça. »
Il a entendu parler du programme du SEDE par une connaissance qui avait songé à faire du bénévolat l’an dernier. Lorsqu’il a vu les affiches sur le campus cette année, il s’est dit que le camp de jour était taillé sur mesure pour lui : c’était formateur et amusant, et ça le laisserait libre en soirée.
Et se la couler douce, ça ne lui disait rien?
« Euh… non. J’aime bien être occupé. »
Au-delà du portail Roddick
Le directeur du programme Vivre la semaine de relâche autrement, Anurag Dhir, a sondé l’intérêt de divers organismes communautaires, explique son adjointe Mayela Lozano, étudiante à la maîtrise en psychologie du counseling. Il en a retenu 10, dont certains avaient déjà participé à notre programme.
Le lendemain des quatre jours de bénévolat, on a organisé une journée de réflexion avec les étudiants pour faire le point sur cette expérience dans une perspective sociale.
« Il est clair que les étudiants ont été sensibilisés à ce qui se passe à l’extérieur du campus », explique Mayela. « La plupart d’entre eux vivent dans leur bulle mcgilloise et n’ont pour ainsi dire aucun contact avec l’extérieur. »
Dans un sondage, 65 des 66 étudiants ayant vécu leur semaine de relâche autrement se sont dits enchantés de leur expérience et disposés à la renouveler.
« La plupart des personnes qui se sont inscrites souhaitaient donner au suivant », souligne Mayela. « Et pour certains étudiants qui avaient vécu des expériences similaires dans leur pays d’origine, c’était une façon d’en apprendre davantage sur notre pays. »