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Couverture du roman GriffintownMarie-Hélène Poitras. Griffintown, Montréal, Alto (coll. « Coda »), 2013.

Lecture commentée par Pascal Brissette, directeur (novembre 2020) :

La cartographie urbaine esquissĂ©e par Griffintown, de mĂŞme que l’histoire du quartier que le roman porte en creux, puisent Ă  la gĂ©ographie et Ă  l’histoire montrĂ©alaises sans cependant s’y soumettre. Le Far Ouest de Poitras existe d’abord en regard de l’Est, qui commence Ă  la rue Berri et en regard du centre-ville, qui se dresse au bout de la rue Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ, donc Ă  l’avenue Viger. Au sud, il y a le canal de Lachine et, de l’autre cĂ´tĂ© de celui-ci, Pointe-Saint-Charles. Il y a pourtant plus Ă  l’ouest que le Far Ouest. Il y a notamment Verdun, qualifiĂ© de quartier « dry », c’est-Ă -dire un quartier oĂą « aucun commerce n’est autorisĂ© Ă  vendre de l’alcool », tout en contraste avec Griffintown, oĂą l’HĂ´tel Saloon distribue sa dĂ©licate « pisse de cheval ». Ce n’est donc pas tant en regard de sa position gĂ©ographique que Griffintown est qualifiĂ© de « Far Ouest » dans le roman, mais parce qu’il s’apparente Ă  un territoire dĂ©sertĂ© et vivant selon ses propres lois, territoire oĂą l’on peut encore circuler Ă  cheval sans ĂŞtre regardĂ© de travers, oĂą l’on peut se promener avec une carabine pour y rĂ©gler ses comptes sans ĂŞtre importunĂ© par la police. 

L’ancrage de l’intrigue dans un no man’s land permet Ă  l’auteure d’inscrire le rĂ©cit sur une trame plus large, celui du mythe amĂ©ricain de la ConquĂŞte de l’Ouest, et de tirer une efficace ironie des rapprochements entre le personnel romanesque et celui que l’on trouve dans les westerns spaghettis : situations cocasses (un cadavre conservĂ© trop longtemps dans un congĂ©lateur), personnages hauts en couleurs, duel en plein air, accouplement du cow-boy et de l’ingĂ©nue (adossĂ©e Ă  un cheval, s’il-vous-plaĂ®t), etc. Comme dans tout western qui se respecte, on trouve lĂ  de vrais mĂ©chants, sans visage, sans foi et sans noms, dĂ©signĂ©s tout juste par des pĂ©riphrases : « ceux de la ville », « les hommes Ă  chapeaux noirs ». On trouve Ă©galement de l’or, ou, du moins, on trouve des personnages qui en cherchent : « La rumeur veut qu’il y ait encore de l’or [Ă  Griffintown]. » (p. 23) On comprend que les promoteurs immobiliers et la pègre sont les seuls qui, après avoir fait disparaĂ®tre le monde des cochers, se mettront de l’or plein les poches. [Lire la suite sur le blogue .±ŐĚý

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