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La sélection des têtes d’affiche « de tous horizons »

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Le 29 aoĂ»t 1952, le secrĂ©taire d’État envoya une note de service Ă  tous les responsables de dĂ©partements de l’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ pour annoncer la crĂ©ation de la ConfĂ©rence Beatty et, par le fait mĂŞme, d’un comitĂ© de sĂ©lection formĂ© du principal F. Cyril James, du doyen aux Ă©tudes supĂ©rieures et Ă  la recherche, David L. Thomson, et du doyen aux arts et aux sciences, H. Noel Fieldhouse. Ce comitĂ©, disait on, « Ă©tait ouvert aux suggestions de confĂ©rencières et confĂ©renciers appropriĂ©s pour l’évĂ©nement ».

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En 1940, F. Cyril James fut nommé principal par le chancelier Beatty. Il occupa ce poste jusqu’en 1962 (photo datant de 1937).
Image : Archives de l’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ.

À une époque où YouTube et les conférences TED (TED Talks) n’existaient pas, la venue d’un des plus grands esprits du monde représentait une rare occasion de défrayer la chronique, d’attirer les foules et d’être sur toutes les lèvres. Le comité ne tarda donc pas à être enseveli sous les suggestions.

« Lorsque tous les horizons s’ouvrent à nous, il devient très difficile de choisir une tête d’affiche pour la Conférence Beatty », écrivait le doyen Thomson au principal James, le 5 mai 1952.
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Lettre du doyen H. Noel Fieldhouse, datée du 19 mai 1952, listant les potentielles têtes d’affiche de la Conférence Beatty.
Image : Archives de l’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ.


Inviter des conférencières et conférenciers vedettes à cet événement n’était pas une tâche facile, particulièrement au cours des premières années. Le voyage outre-mer jusqu’à Montréal se faisait en navire à vapeur et durait plusieurs jours. Un investissement de temps considérable lorsqu’on le compare à un voyage en avion de quelques heures. De plus, on demandait aux personnalités invitées de passer un mois complet à l’Université et de prononcer trois conférences.

Au cours des deux années qui suivirent, le principal James envoya nombre de lettres et de télégrammes regorgeant d’arguments persuasifs aux plus grands esprits de l’époque, de Cambridge à Oxford, en passant par Londres. Ses missives atteignirent même les endroits les plus lointains, comme Accra et New Delhi. Tous ces efforts en valurent la peine. En 1954, le premier vice-président de l’Inde donna la toute première conférence Beatty. Barbara Ward, la première femme à occuper le poste de rédactrice en chef du journal The Economist, lui emboîta le pas en 1955, tout comme le biologiste de renom, Julian Huxley, en 1956.

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TĂ©lĂ©gramme de Barbara Ward au principal James, envoyĂ© depuis Accra, au Ghana. Image : Archives de l’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ.

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Malheureusement, ce ne sont pas toutes les personnes invitées à prononcer une conférence Beatty qui acceptèrent cet honneur. Le poète T. S. Elliot, l’historien Herbert Butterfield et le critique littéraire I. A. Richards figuraient tous sur liste de suggestions initiale du doyen Thomson, mais aucun d’eux n’accepta l’invitation.

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Un refus poli adressĂ© au principal James de la part du poète T. S. Eliot. Image : Archives de l’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ.


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Vincent Massey, qui venait tout juste de terminer un mandat de huit ans en tant que gouverneur général du Canada, déclina également « à contrecœur » l’offre du principal James, qui l’invitait à prononcer une conférence Beatty, en 1959.

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Un refus de la part de l’ancien gouverneur gĂ©nĂ©ral du Canada, Vincent Massey, en 1959. Image : Archives de l’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ.
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C’est en votant que les membres du comité déterminaient qui, parmi une liste de noms triés sur le volet, recevait une invitation. Après le départ à la retraite du principal James en 1962, des membres du personnel et du corps professoral se joignirent au comité de sélection de la Conférence Beatty. Deux personnes dignes de mention siégèrent à ce comité au cours des deux premières décennies : l’auteur et professeur d’anglais canadien Hugh McLennan, qui reçut plus tard au cours de sa carrière deux prix du Gouverneur général pour ses écrits, et l’ancien vice-principal Michael Oliver, qui devint le président fondateur du Nouveau Parti démocratique (NPD).

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Hugh McLennan, date inconnue. Image : Archives de l’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ.



Le choix de conférencières ou conférenciers Beatty était toujours guidé par l’actualité. Le procès verbal d’une réunion du comité, qui eut lieu en 1967, en témoigne. En effet, on peut y lire que les personnes qui pouvaient alors prononcer une conférence sur l’un des sujets suivants devaient être invitées : l’Asie (Vietnam et Chine), la révolution urbaine, l’informatique et les communications, la science, le secret gouvernemental et la littérature. Les choix du comité cette année-là s’arrêtèrent en premier lieu sur l’autrice Han Suyin, qui prononça trois conférences en 1968 sur le thème Asia Today: Two Outlooks (Double regard sur l’Asie d’aujourd’hui), en second lieu sur le philosophe social Lewis Mumford et en troisième lieu sur l’inventeur et futurologue Richard Buckminster Fuller.

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Han Suyin prononce la première de ses trois confĂ©rences Beatty le 22 octobre 1968. Image : Archives de l’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ.


Au cours des annĂ©es 1970, le Service de l’information de l’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ communiqua avec les ambassades canadiennes partout dans le monde afin d’obtenir des suggestions de confĂ©rencières ou de confĂ©renciers potentiels. L’ambassade canadienne situĂ©e Ă  Washington, dans le District de Columbia, suggĂ©ra la candidature de Russell Nye, pionnier de la thĂ©orie sur la culture populaire et laurĂ©at du prix Pulitzer. L’ambassade canadienne situĂ©e Ă  Barcelone proposa Manuel Fraga Iribarne, fondateur du Parti populaire d’Espagne. La Mission du Canada auprès de l’Union europĂ©enne suggĂ©ra l’analyste politique Uwe Kitzinger, tandis que le Haut-commissariat du Canada en Inde proposa le nom de Sripati Chandrasekhar, l’ancien ministre de la Planification familiale de l’Inde.

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L’ambassade canadienne en Espagne suggéra le nom de Manuel Fraga Iribarne comme conférencier Beatty.
Image : Archives de l’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ.


En 1972, la responsabilité de l’organisation de la Conférence Beatty, qui incombait auparavant au principalat, fut transférée à la Faculté des études supérieures et de la recherche, alors chapeautée par le doyen Walter Hitschfeld. Ce comité procéda aussi au recrutement de représentantes et représentants des facultés des arts, de mathématiques, de physiologie, de biochimie et de médecine expérimentale, de linguistique, de psychologie, d’études anglaises, de philosophie, d’histoire et de droit comparé, de même que de l’Institut d’études islamiques.

La Faculté des études supérieures et de la recherche fut dissoute en 2001, mais la responsabilité de la Conférence Beatty demeura du côté de la recherche. Elle fait maintenant partie intégrante des activités menées par le vice-principalat à la recherche et aux relations internationales, qui, en 2016, devint le vice principalat à la recherche et à l’innovation.

Image de la section : Archives de l’UniversitĂ© Ć˝ĚŘÎ岻ÖĐ

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